Dans le contexte actuel de recrudescence des expulsions des migrants africains des Etats Unis et d’Allemagne, nous vous invitons à lire cet article publié par un journal de Sierra Leone sur le récent vol charter arrivé à la mi-août en provenance des Etats Unis avec à son bord des expulsés.
Deux non Sierra-Léonais, détenteurs de cartes vertes américaines, abandonnés à Lungi
Par Alpha Abu (Traduit de l’anglais par ABI Samir)
Le mercredi 14 août 2019 à 10h30 GMT, un vol charter a atterri à l’aéroport de Lungi, de l’autre côté de la baie de Freetown. L’immense cabine de l’Airbus Omni avait l’air peu rempli, car il y avait un peu plus d’une centaine de personnes à bord pour une capacité de près de quatre cents personnes. C’était un spectacle déchirant à voir.
Tous les hommes et les femmes étaient menottés et portaient également des chaînes autour des hanches aussi bien que des chevilles, un tableau similaire à celui d’un gangster de la drogue arrêté, d’un pédophile condamné ou d’un condamné à mort. Mais en réalité, ces personnes vivaient et travaillaient aux États-Unis, certaines depuis des années. Elles ont été déportées du géant nord-américain vers l’Afrique sur un vol affrété par la US Homeland Security.
L’Airbus s’était arrêté brièvement au Sénégal pour faire le plein de carburant et de nourriture avant d’arriver à Lungi (Sierra Leone) où 16 personnes ont été forcées de quitter l’avion. Toutes les personnes débarquées sauf deux étaient originaires de Sierra Leone. Elles avaient tous subi les conséquences de la lutte très controversée du président américain Donald Trump contre les immigrés. L’Airbus a ensuite décollé pour le Libéria, la Côte d’Ivoire et le Ghana afin de déposer les autres déportés dans leur pays d’origine.
Parmi les Sierra-Léonais ramenés au pays de cette manière dégradante, il y avait un médecin. Ils ont tous rapporté des détails poignants sur la façon dont ils ont été brutalisés et emmenés dans des centres de détention aux États-Unis par le personnel de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE). . Une femme a été arrêtée au travail et un Sierra Léonais a déclaré qu’il n’avait pu lacer ses baskets qu’à leur arrivée à l’aéroport de Lungi, une fois les chaînes enlevées. Ils ont dû mettre de la nourriture dans leurs bouches, durant le vol, les mains toujours liés.
Mais ce qui a déconcerté nos propres autorités de l’immigration, c’est l’inclusion de deux autres hommes, qui ne sont jamais venus dans ce pays. Les deux hommes croupissent actuellement au département des investigations criminelles (CID) de la police de Freetown, stupéfaits par la raison pour laquelle nos autorités sierra-léonaises les ont laissée entrer sur leur territoire.
Prince Hartman Latoya (orthographe correcte du nom de famille, contrairement à celle figurant sur le document ICE), a été déporté à plusieurs reprises au Nigeria, au Kenya et au Sénégal, mais les autorités de ces pays ne lui ont jamais permis de débarquer ce qui a conduit à son retour rapide aux États-Unis. Layota, âgé de 40 ans, est né aux Bahamas, dans les Caraïbes, et vit aux États-Unis depuis environ 25 ans. Selon des informations non confirmées, il aurait été arrêté pour conduite en état d’ébriété.
L’autre non-Sierra-Léonais, Sarren Idaho, est d’origine dominicaine et, contrairement au cas de Latoya, il subissait la première tentative des autorités américaines de le déporter. Les deux hommes disent qu’ils n’ont jamais porté de document sierra-léonais et qu’ils ne peuvent tout simplement pas comprendre comment les agents du ICE ont préparé des documents qui orientaient leur déportation en Sierra Leone. Ces hommes disent que si nos fonctionnaires de l’immigration avaient été fermes, ils auraient insisté, comme ceux d’autres pays dans l’affaire Latoya, pour qu’ils soient renvoyés aux États-Unis. Les deux hommes se disent détenteurs d’une carte verte américaine et n’ont aucun lien avec ce pays. Les responsables du département des investigations criminelles à Freetown auraient contacté l’ambassade des États-Unis à Leicester Square Regent, au sujet de la présence de Latoya et d’Idaho ici, mais ils n’ont pas encore obtenu de réponse.
Divers groupes ont condamné cette dernière expulsion de l’administration Trump, l’utilisation de chaînes en particulier, qui ramène à d’amères souvenirs de l’esclavage. En effet, l’agenda de la suprématie blanche de Trump est en marche.
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