En attendant que le rapport final officiel du PAFOM 5 soit publié sur le site de l’Union Africaine, voici un rapide feed-back sur notre participation. Il faut avant tout noter une grande mobilisation des pays et des organisations internationales. Environ une quarantaine de pays étaient représentés et des ministres en charge de la migration se sont déplacés pour la dernière journée du PAFOM. Cela traduit le haut niveau d’implication politique à cette cinquième édition.
Inclusion de la société civile au PAFOM
Ce point a été celui sur lequel nous sommes le plus intervenu durant le PAFOM. La Commission de l’Union Africaine a présenté lors de la rencontre un projet de Termes de Référence (TdR) visant à institutionnaliser le PAFOM. Ce projet a fait l’objet de discussion entre les Etats membres pour son adoption par les ministres. Dans le projet de TdR, la société civile a été cité au rend des acteurs non-étatiques devant être présents aux réunions des Hauts-Fonctionnaires du PAFOM. Cela ne nous paraissait pas satisfaisant. Nous avons demandé dans le cadre de l’institutionnalisation du PAFOM qu’un espace spécifique soit créé pour la société civile avant la réunion des Haut-fonctionnaires comme cela se fait au Forum Mondial sur la Migration et le Développement (GFMD). Cet espace pourrait ainsi faciliter une plus grande participation de la société civile aux réunions du PAFOM. Nous avons expliqué la nécessité d’élargir la participation de la société civile à plus d’organisation car l’Observatoire Ouest Africain des Migrations n’était pas elle seule assez représentative de toutes les organisations de la société civile qui travaillent au quotidien sur le continent afin d’apporter leur aide aux migrants. Notre demande n’a malheureusement pas été totalement satisfaite. Il a été acté la reformulation de la section concernant la société civile dans les TdR mais nous n’avons pas su convaincre les Etats de créer un espace spécifique pour la société civile. Nous avons eu beau négocier dans les coulisses le soutien des Etats il était difficile d’avoir leur soutien pour deux raisons :
Raison 1 : Certains Etats veulent avoir un droit de regard sur les organisations de la société civile qui participent aux réunions des Haut-fonctionnaires du PAFOM. La Commission de l’Union Africaine, dans sa volonté d’inclure la société civile aux réunions officielles du PAFOM, doit tenir compte de l’avis des Etats.
Raison 2 : C’est le financement du PAFOM. Une bonne partie des débats durant l’adoption des Termes de référence à porter sur le financement de l’évènement. La question majeure était qui devait supporter le déficit lié à l’organisation du PAFOM s’il arrivait lors de son organisation qu’il y ait un manque de mobilisation de ressources financières suffisantes ? Il faut savoir que pour l’heure le PAFOM est financé sur le budget de l’UA, grâce aux apports des organisations internationales et aussi par le pays d’accueil de l’activité. L’inquiétude sur le déficit est assez importante au niveau déjà de l’organisation de la réunion officielle du PAFOM et y ajouter un espace de la société civile serait selon certains Etats renforcer ce risque.
Nous avons enfin de compte eu à échanger avec quelques responsables du département des affaires sociales de la Commission de l’UA, département qui s’occupe de la migration. Ils ont exprimé un grand soutien pour une plus large inclusion de la société civile au PAFOM mais ne peuvent pas aller contre la volonté des Etats. Ils ont donc demandé d’accepter le compromis actuel qui consiste à ce que quelques membres de la société civile soient désignés par l’UA pour la réunion officielle car cela assure une représentativité des OSC au sein du PAFOM. Toutefois un des responsables nous a fait une très belle suggestion. En fait selon ce responsable, rien n’empêche la société civile d’organiser un Side-Event avant le PAFOM en mobilisant une large partie des OSC sur le continent. Donc il nous suggère de nous auto-organiser pour qu’au prochain PAFOM on puisse organiser un Side-Event un ou deux jours avant la réunion officielle. Nous avons trouvé cette idée assez intéressante mais nous restons à l’écoute de toutes les suggestions pour continuer à plaider pour une plus large inclusion de la société civile au prochain PAFOM.
La participation de la société civile aux Processus consultatif régionaux
Nous sommes également intervenus en plénière sur le manque d’inclusion d’une grande partie de la société civile au sein des processus consultatifs régionaux notamment le MIDWA. Nous avons relevé la responsabilité des organisations internationales notamment l’OIM dans la non transparence du processus d’organisation de ces rencontres. Après discussion avec quelques responsables de l’OIM présents au PAFOM sur cette situation, il ressort que c’est au niveau des pays et des Communautés Economiques Régionaux qu’il faudrait agir pour que la société civile soit largement associée à l’organisation des processus consultatifs régionaux.
La libre circulation sur le continent
Ce sujet a été au centre des débats dès le premier panel du PAFOM. Je vous cite mots à mots une question posée par un des officiels présents : ‘’Peut-on arriver à une libre circulation des personnes dans un contexte d’instabilité et d’insécurité ?’’. Cette question à amener beaucoup d’interventions. Nous avons personnellement aimé l’intervention d’un des représentants d’une Communauté Economique Régionale qui a dit qu’au niveau de l’Union Africaine le débat sur l’insécurité et la libre circulation doit être dépassé pour se focaliser sur le grand apport que représente la libre circulation pour le continent. En réponse à ce débat, nous avons reproduit un document argumentaire de la campagne pour la libre circulation des Africains, initiée par l’Observatoire, que nous avons distribué aux différents pays. Ce document reprend en cinq points les arguments pour lesquels les Etats doivent ratifier le protocole pour la libre circulation de l’Union Africaine. A la suite de la diffusion de ce document nous avons échangé dans les coulisses avec les Haut-fonctionnaires des différents pays. Notre conclusion à la suite de ces discussions est qu’il ne sera pas facile de vaincre les craintes des Etats sur la libre circulation des personnes en Afrique. Les inquiétudes des Etats ne portent pas seulement sur l’insécurité, mais aussi sur la protection de leur marché de l’emploi, la pression sur leurs ressources qu’entrainerait la libre circulation. Bien qu’ils admettent le lien entre l’Accord sur la Zone de libre échange continentale et le protocole sur la libre circulation des personnes, ils ne manifestent pas une grande motivation à ratifier rapidement le protocole. Affaire à suivre.
La Xénophobie
On a très peu parlé des attaques xénophobes durant les plénières. Le respect entre Etats et les intérêts réciproques les ont amenés à soigneusement éviter d’aborder ce sujet même si cela a été légèrement évoqué dans quelques interventions. Dans les coulisses toutefois, on ne s’en est pas privé. La plupart de nos interlocuteurs ont regretté les attaques xénophobes sur les migrants mais tous ont reconnu que cela pouvait arriver aussi dans leur propre pays. Beaucoup ont évoqué la pauvreté comme étant la source de ces violences contre les migrants africains et non à proprement parlé une haine de l’étranger. La discussion la plus intéressante que nous avons eue à ce sujet a été avec des responsables de la Commission de l’Union Africaine. Ils m’ont interpellé en me demandant ce que la société civile africaine a fait par rapport aux attaques xénophobes sur le continent. Nous leur avons répondu que nous n’avons cessé de dénoncer cela par des déclarations et des interventions dans les médias. Ils m’ont répondu que ce n’était pas suffisant et qu’il fallait aller à des actions plus concrètes. Ils m’ont donné l’exemple d’une initiative qu’ils vont lancer prochainement au niveau de la commission pour faire travailler ensemble des artistes Nigérians et Sud-africains sur des chansons pouvant renforcer l’entente entre les populations. Nous avons trouvé cette initiative géniale. Du coup nous avons pensé à proposer aux OSC africaines de travailler à un mapping de nos actions concrètes pour lutter contre la Xénophobie dans nos pays et régions respectifs. Qu’en pensez-vous ?
La recherche de données migratoire et les autres points
Le thème du PAFOM 5 portant sur la recherche des données migratoires cela a été abondamment discuté durant les plénières. Pour ne pas revenir sur tous les interventions et recommandations je vous invite à lire le rapport complet du PAFOM 5 qui sera publié sur le site de l’UA.
Prochain PAFOM au Sénégal
Le Rwanda et le Sénégal étaient en lice pour abriter le prochain PAFOM. Finalement le choix s’est porté sur le Sénégal qui avait exprimé son souhait depuis le PAFOM 4 à Djibouti. Rendez-vous donc en Afrique de l’ouest pour le PAFOM 6.
Samir ABI
Secrétaire Permanent
Observatoire Ouest Africain des Migrations
DOKOUMOU A.Romain
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J’ai lu avec intérêt le point fait. Je trouve néanmons que la question de la participation des OSC est importante et les Etats doivent faciliter cette demarche vu que les OSC travaillent pour compléter leurs actions. Je tiens à féliciter tous les participants pour les différentes thématiques débattues. INCH’ALLAH, rendez-vous donc au Sénégal. D.E ONG ASEPHEDO BENIN. Romain DOKOUMOU. Téléphone (+229)97765628. (Rép. du BENIN)
Robana Nhate
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Je suis un jeune activiste de la Societe Civile de Guinee Bissau. Je suis tres interesse par cette prochaine rencontre qui se realisera au Senegal pour avoir l’opportunuite de donner ma modeste contribution sur la libre circulation des personnes et des biens au niveau de la sous region ouest Africaine. J’avoue etre temoin oculaire de plusieures actions pratiquer tres recement dans la sous region que je connais bien pour en servire de temoin et avncer avec des propositions de solutions pouvant nous soutenir a dimunier cette pratique nefaste qui n’aide en rien pour l’avancement du developpement non suelement de l’Afrique mais egalemnent de notre sous region de maniere general.
Je vous remerci tout en esperant une reponse favorable a ma solicitation.