En effet, l’accord de Cotonou, qui a remplacé les conventions de Lomé, expire à la fin février 2020. En vue de son renouvellement, des négociations ont été ouvertes le 28 septembre 2018 entre les pays d’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et l’Union Européenne. Un consensus a déjà été trouvé entre les deux parties sur le format du nouvel accord qui comprendra un socle commun et trois protocoles régionaux UE – Afrique, UE – Caraïbes et UE – Pacifique. L’accord de Cotonou ainsi que les mandats de négociation actuels reconnaissent une place importante et un rôle de partenaire aux Acteurs Non-Etatiques dans le cadre du partenariat de développement entre les ACP et l’Union Européenne. Fort de cette reconnaissance, la société civile est engagée à prendre une part active dans le processus des négociations afin de défendre, aux côtés des Etats, l’intérêt des populations. La réunion de consultation de Lomé rentre ainsi dans le cadre de la mobilisation de la société civile autour du processus de négociation. Cette consultation des Acteurs Non-Etatiques à Lomé est placée sous le Haut Patronage du Ministre des Affaires Etrangères du Togo, Professeur Robert Dussey, Chef du groupe central de négociation des ACP. Aux termes des deux jours de rencontre, les positions exprimées par les Acteurs Non-Etatiques seront portées à l’attention du ministre afin de servir pour la dernière phase des négociations qui débutera à partir de novembre 2019. Contacts pour la Presse : Christine ANDELA, Les Jeudis de Cotonou, email : andelac@yahoo.com Samir ABI, Observatoire Ouest Africain des Migrations, email : samir.abi@obsmigration.org
Objet : Du Marché Unique du Transport Aérien en Afrique (MUTAA) et de la Commission Mixte Togo – Gabon
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous venons, par la présente, vous réitérer nos sincères félicitations pour les avancées enregistrées sur le dossier du Marché Unique du Transport Aérien en Afrique (MUTAA) depuis votre désignation en 2018 par vos pairs comme ‘’Champion’’ en la matière. Votre récent voyage au Gabon prouve encore une fois votre engagement pour la réussite de ce projet qui changera incontestablement l’avenir du continent africain. Sous votre leadership, nous ne doutons pas de voir les 26 pays africains encore réticents à rejoindre ce marché aérien, le faire dans les prochains mois. Après le lancement de la Zone de Libre Echange Continentale à Niamey il y a quelques semaines, le Marché Unique du Transport Aérien en Afrique apparait comme l’un des secteurs clés dont dépendra l’opérationnalisation du libre échange sur le continent à partir de juillet 2020. Cependant, la société civile africaine tient à exprimer sa vive préoccupation par rapport à la lenteur constatée dans l’avancement de la ratification du protocole de l’Union Africaine sur la libre circulation, le droit de résidence et d’établissement.
Il est admis par tous que la réalisation effective du MUTAA passe par l’amélioration de la libre circulation des Africains sur leur continent. Or il reste toujours difficile aux Africains de voyager sur leur continent sans se voir imposer de multiples contraintes en matière de demande de visa. Au vue de votre implication pour la création du Marché Unique du Transport Aérien en Afrique, il nous semble judicieux de solliciter vos bons offices pour plaider, auprès de vos pairs, la nécessité de la ratification dudit protocole. A l’image du Rwanda, nous sommes convaincus que la ratification par le Togo du Protocole de l’UA sur la libre circulation en Afrique sera un signe fort à l’endroit de tout le continent.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Lors de votre récent séjour au Gabon, vous avez bien voulu aborder la question de la Commission Mixte entre le Togo et le Gabon. Qu’il nous soit d’abord permis de saluer la qualité des relations d’amitiés entre l’exécutif togolais et gabonais qui donne une orientation de ce qui est attendu des populations sœurs du Gabon et du Togo. En reconnaissant l’importance du travail entamé entre la CEDEAO et la CEEAC, lors de votre mandat à la Présidence de la CEDEAO en 2018, nous nous permettons de soulever quelques préoccupations qui nous font croire à la nécessité d’une réunion spécifique de la Grande Commission Mixte Togo – Gabon.
Le Gabon est l’un des plus grand pays d’accueil des travailleurs migrants togolais sur le continent. Les envois de fonds des Togolais vivant au Gabon occupent une place importante chaque année dans les statistiques relatives à ce sujet. Ces dernières années, de nombreux Togolais ont eu du mal à exercer leurs activités professionnelles au Gabon malgré l’existence d’un accord bilatéral signé entre les deux pays à cet effet le 21 mars 1975. La réactualisation de cet accord nécessite, à nos yeux, un renforcement de l’action concertée entre la diplomatie togolaise et la diplomatie gabonaise dans le cadre de la Grande Commission Mixte Togo – Gabon.
Un autre point qui nous amène à venir humblement solliciter la réunion de cette commission est la question de la mobilité des personnes entre le Togo et le Gabon. Contrairement aux Gabonais qui peuvent avoir leur visa à l’arrivée au Togo, il reste toujours difficile aux Togolais de voyager par voie légale au Gabon. Les conditions d’obtention de visa et les frais qui y sont liés obligent bien des citoyens togolais à opter pour les voies dangereuses afin de se rendre chez leurs parents, frères, sœurs et amis gabonais.
Nous sommes convaincus que vos bonnes relations avec le Chef de l’Etat gabonais offrent une lueur d’espoir pour régler définitivement ces problèmes qui entachent la symbiose entre les peuples gabonais et togolais. Un renforcement des liens entre les deux peuples marquera un grand pas pour l’intégration entre l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale comme pour une intégration africaine réussie.
En vous remerciant pour l’intérêt que vous voudriez bien porter à cette lettre, et en vous réitérant nos vœux de succès dans votre difficile mission de mise sur pied du Marché Unique du Transport Aérien en Afrique, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de nos plus respectueuses salutations.
Samir ABI
Secrétaire Permanent
Observatoire Ouest Africain des Migrations
Cet évènement nous rappelle malheureusement que les atteintes aux droits humains des migrants ne cessent de s’amplifier partout dans le monde et en Afrique en particulier. De l’Afrique du Nord à l’Afrique du Sud, la chasse aux migrants mets en péril les efforts de l’Union Africaine (UA) pour parvenir à une réelle intégration sur le continent. Ce refoulement de migrants vers le désert par la Tunisie est le prolongement de d’autres atteintes aux droits humains des migrants intervenues en Afrique du Nord ces dernières années. Il s’agit entre autres des expulsions massives de migrants subsahariens d’Algérie, des refoulements de migrants subsahariens du Nord du Maroc, de la marchandisation et de la détention abusive des migrants en Libye, du renforcement du contrôle des migrants originaires d’Afrique de l’est en Egypte. Au nom de la lutte contre le trafic des migrants et avec le financement de l’Union Européenne, les migrants Africains se voient de plus en plus privés de liberté de mouvement sur leur continent. La preuve en est les récentes félicitations adressées par certains gouvernements européens au Royaume du Maroc pour sa lutte contre le passage sur son territoire de migrants africains pour rejoindre l’Europe. Les pays d’Afrique du Nord et certains pays du Sahel ont, en toute âme et conscience, sacrifié la volonté d’aller vers une meilleure liberté de circulation et de résidence des Africains sur leur continent au profit de la sous-traitance des politiques européennes d’externalisation des frontières. Face aux atteintes des droits humains des migrants par les Etats, le rôle des Organisations de la Société Civile est plus que jamais d’actualité. Comme l’ont si bien démontré la FTDES et la LTDH, l’exercice de notre responsabilité en tant que lanceur d’alerte sera primordial pour préserver la vie des personnes migrantes sur le continent africain face aux politiques sécuritaires des Etats. La société civile africaine doit plus que jamais se mobiliser pour que les Etats prennent conscience qu’il ne peut avoir de libre échange en Afrique sans une réelle liberté de circulation et sans le droit pour les Africains de résider où il le souhaite sur leur continent. Ce sont les hommes qui font circuler les marchandises et offrent des services d’un Etat à un autre grâce à la mobilité. La Zone de Libre Echange Continentale en Afrique, lancée à Niamey voici quelques semaines, ne serait être réellement opérationnelle, à partir de juillet 2020, sans l’entrée en vigueur du Protocole de l’Union Africaine sur la libre circulation, le droit de résidence et le droit d’établissement. Pour ce faire l’Observatoire Ouest Africain des Migrations invite toutes les organisations de la société civile en Afrique à rejoindre sa campagne pour la libre circulation des Africains afin de plaider auprès de nos Etats la ratification dudit protocole de l’UA dans les prochains mois. Fait à Lomé le 9 août 2019 Pour l’Observatoire Ouest Africain des Migrations Le Secrétaire Permanent Samir ABI
Tel est le cri de cœur que nous, organisations de la société civile africaine, voudrions lancer en marge de la semaine de la migration à Marrakech qui verra se réunir les Etats, les organisations internationales et les organisations de la société civile du 4 au 11 décembre 2018. Suite aux difficultés qui ont émaillé l’obtention de visa pour le Maroc de nombreuses organisations de la société civile africaine désirant participer à cette semaine de la migration, nous ne serions nous taire face à la discrimination dont continuent par être victimes les Africains dans leur droit à la mobilité sur leur propre continent.
Au moment où nos collègues européens, américains ou asiatiques, usant de leur exemption de visa pour le Maroc, prenaient leur billet d’avion pour Marrakech, nous Africains, étions encore en train d’attendre que le Royaume chérifien veuille bien nous délivrer un visa. En fin de compte, nos délégations africaines ont dû payer plus cher leurs billets d’avion par rapport aux délégations des autres continents car ayant été obligées de les prendre à la dernière minute. A l’heure où les Nations Unies appellent dans le plan de développement pour 2030 à ‘’ne laisser personne en arrière’’, à l’heure de l’adoption du Pacte Mondial sur les Migrations, nous, les Africains, continuons à subir des politiques sécuritaires pour nous empêcher de circuler librement par rapport aux autres parties du monde.
Nous sommes des humains comme les autres. Le même sang coule dans nos veines. Nous avons certes les mêmes capacités, richesses ou intelligences que nos frères et sœurs des autres continents. Nous ne pouvons donc comprendre pourquoi autant de discriminations à notre égard et autant de barrières créées contre le désir des populations africaines de vivre en fraternité sur leur sol. Nous dénonçons les Etats africains qui continuent de jouer le jeu de l’Occident contre l’intégration africaine au nom de la lutte contre l’immigration clandestine. Nous refusons la volonté de cantonner les Africains dans leur pays en renforçant les contrôles aux frontières, dans les déserts, sur les mers et dans les aéroports. Nous appelons toutes les organisations soucieuses du droit à l’égalité de tous sur cette terre et convaincues de la nécessité que soit mis fin aux politiques migratoires xénophobes contre les Africains de nous rejoindre en signant cet appel et en l’envoyant à leur délégation officielle présente actuellement à Marrakech.
Fait à Marrakech le 4 décembre 2018
Les organisations signataires
L’Observatoire Ouest Africain des Migrations, Confédération Syndicale Internationale – Afrique, ATTAC-APASH (Congo), Association Marocaine des Droits de l’Homme (Maroc), Centre for Youths Integrated Development (Nigeria), REALIC (Côte d’Ivoire), Libyan Bloggers Network (Libye), Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc (Maroc), Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (Bénin), Département de Sociologie de l’Université de Bamako (Mali), Moroccan Association of South Africa (Afrique du Sud), Alternative Espace Citoyen (Niger), Welcome Back Cameroon (Cameroun), Union Démocratique des Travailleurs du Sénégal (Sénégal), ONG SIFOS (Gabon), Migrant Workers Association of Lesotho (Lesotho), Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin (Bénin), ALERT Migration – Afrique (Burkina Faso), The National Association of Women’s Organizations in Uganda (Ouganda), Network of CSOs Against Child Trafficking Abuse and Labor (Nigeria), Botswana Labour Migrants Association (Botswana), Réseau Mondial Guinée Nouvelle (Guinée), Oak Foundation (Ghana), Organisation des Migrants de Nouadhibou (Mauritanie), Confédération Général des Travailleurs du Bénin (Bénin), Network of Ex Asyluum Seekers (Sierra Leone), The Gender Centre for Research and Studies (Soudan) , Ecowas Citizens Union of Liberia (Liberia), Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal (Sénégal), Swaziland Migrant Mineworkers Association (Swaziland), Centrale des Syndicats du Privé et de l’Informel du Bénin (Bénin), Union of Arab Community of South Africa (Afrique du Sud), Centrale des Syndicats Unis du Bénin (Bénin), Union Nationale des Syndicats de Travailleurs du Bénin (Bénin), Centre Nigérien des Droits de l’Homme pour la Paix et le Développement (Niger), Visions Solidaires (Togo), Association de Recherche de Solutions et d’Informations pour les Migrations (Burkina Faso), Action Internationale pour la Promotion du Développement (Togo), Institut Africain pour le Développement de la Famille (Bénin), Droit de l’Homme et Développement (Cameroun), AVOSAH ONG (Bénin), Children and Young People Living for Peace (Nigeria), Initiatives Panafricaines de Développement (Bénin), ONG LTHP (Niger), Initiatives en Coopération Décentralisée et Développement (Bénin), Concertation Nationale de la Société Civile (Togo), CARDIOP ONG (Bénin), ONG Human Help (Mali), Association de Lutte contre l’Exploitation des Employés de Maison (Bénin), Jeunesse Active pour l’Intégration et l’Education (Bénin), La Diaspora Béninoire au Togo (Togo), Réseau Panafricain des Journalistes pour la Supervision des Elections (Togo), EDI – ONG (Bénin), Nouvelles Alternatives pour le Développement Durable en Afrique (Togo), The National Civic Forum (Soudan), Trade Collective (Afrique du Sud), South African Women in Dialogue (Afrique du Sud), Civil Society Network on Migration and Development (Nigeria), Center for Women Studies and Intervention (Nigeria), Africans Rising for Peace Justice and dignity (Sénégal), ONG Maison Mère (Guinée), Aide aux Familles et Victimes des Migrantions Clandestines (Cameroun), Association des Refoulés d’Afrique Centrale au Mali (Mali), Global Humaniste (Togo), Union Nationale des Syndicats Autonomes du Sénégal (Sénégal), Internap Cameroon (Cameroun), Association Planet Migrant (Maroc), Un Monde Avenir (Cameroun), Réseau International pour la Promotion de l’Entrepreneuriat (Togo), Social Watch (Bénin), Association Nigérienne des Scouts de l’Environnement (Niger), OMANIAE Organization (Ghana), Solidarité Africaine pour Une Franche Indépendance (Bénin), Association pour la Survie et l’Entraide des Personnes Handicapées, les Enfants Démunis et les Orphelins (Bénin), Réseau d’Organisations de Droits Humains et d’Education Civique d’Inspiration Chrétienne (République Démocratique du Congo)
En solidarité :
Movimiento Migrante Mesoamericano (MMM), Asia Pacific Mission for Migrants (APMM), Augustinians International (AI), Ontario Council of Agencies Serving Immigrants (OCASI), Black Alliance for Just Immigration (BAJI), Amman Center for Human Rights Studies (ACHRS), Plateforme des Organisations Nationales et Territoriales de la Société Civile Haïtienne (PONT-SCH)
En l’absence d’un droit international spécifique sur les migrations, encore moins un « droit de migrer », le Pacte est censé combler ce vide par la confirmation des principes universels, des Déclarations et autres Pactes en la matière. Au moment où se développent les discours et arguments selon lesquels les politiques actuelles, axées sur le contrôle des frontières, ne sont pas seulement dommageables en termes d’atteinte aux droits des personnes, mais qu’elles sont aussi inefficaces au regard même de leurs objectifs. Or tel qu’il est proposé dans sa version finale le Pacte s’apparente plus à un instrument, au service des Etats riches, des multinationales et du capital pour contrôler les entrées dans les pays en fonction de leurs intérêts. Certes, il réaffirme quelques principes positifs contenus d’ailleurs dans plusieurs conventions internationales, mais son caractère non contraignant pour les Etats vide ce Pacte de tout son sens. Au vue des lignes directrices du Pacte, dans sa version actuelle, il ne propose aucune voie permettant de résister aux évolutions inquiétantes des discours et pratiques politiques d’hyper fermeture à la migration. Nous sommes face à un outil qui va, dans de nombreuses régions du monde, faire reculer les droits des migrants. Ce sera surtout le cas pour les précarisés tels que les personnes sans titre de séjour, les mineurs ou les femmes migrantes. De plus, plusieurs points sont particulièrement inquiétants, en particulier : · La mise à l’écart de la Convention Internationale de Protection des Droits de tous les Travailleurs Migrants et des Membres de leur Familles ; · La mise en exergue d’une gestion uniformisée et commune des données sur les migrations et les personnes migrantes, ceci comprenant des données biométriques ; · La légitimation de la détention de migrants et des centres de rétention ; · La non remise en cause de politiques ou de lois criminalisant les migrants ; · Le principe de « deux poids deux mesures », un outil non contraignant qui favorise de fait le plus fort et ne donne aucune garantie effective aux plus vulnérables ; · Un cadre particulièrement adapté pour la mise en place de politiques de migration choisie ; · Le fait que, concernant le développement du Sud, cela se résume à un ensemble de bonnes intentions sans objectifs qualitatifs concrets et sans évaluation des programmes d’aide au développement. A l’évidence, tel qu’il est proposé dans sa version finale, le Pacte s’apparente à une recherche de consensus entre des Etats sur la gestion sécuritaire des migrations et une recherche de renforcements des mesures sécuritaires pour mettre fin au principe inaliénable de la liberté de circulation. Il risque de devenir un outil pour légitimer des reculs au niveau des droits des migrants plutôt qu´un instrument pour une gouvernance respectueuse du droit international et des droits des migrants. Il peut servir, d’une part, pour justifier des politiques d’exclusion et de criminalisation des migrants et, d’autre part, pour concrétiser les rêves des pays du Nord, maintes fois annoncés, à savoir l’immigration choisie (qui vide les pays du Sud de leurs compétences) et l’immigration jetable. Face aux défis migratoires d’aujourd’hui, face à la montée des discours et actes populistes, discriminatoires et racistes, nous organisations de la société civile réunies au sein du FSMM à Mexico réaffirmons notre attachement aux droits fondamentaux des personnes migrantes et de leurs familles. La seule réponse sensée est celle de la solidarité et de l’égalité des droits pour tous. Une politique juste est celle qui se met au service de la personne, de toutes les personnes indépendamment de leur race, leur religion, leur sexe ou leur nationalité, qui prévoit des solutions adaptées pour garantir la sécurité, le respect des droits, de la justice et de la dignité pour tous, qui sait voir le bien de son propre pays en prenant en compte celui des autres pays, dans un monde toujours plus interconnecté. Mexico, le 4 novembre 2018
C’est avec une grande amertume que l’Observatoire Ouest Africain des Migrations a appris la restriction de voyage à l’endroit des Maliens, des Guinéens et des Congolais désirant se rendre au Maroc. Loin de paraître comme une expérimentation, comme présenté par le royaume chérifien, cette mesure est un véritable retour en arrière vue qu’elle enlève aux citoyens de ces pays la possibilité qu’ils avaient jusqu’alors de voyager sans visa vers le Maroc. A quelques semaines de la tenue à Marrakech, au Maroc, de la Conférence Internationale d’adoption du Pacte Mondial sur la Migration, la décision marocaine choque profondément car elle va à l’encontre de la volonté réaffirmée par l’Union Africaine d’aller vers la libre circulation des Africains sur leur continent.
Le rêve d’un espace Schengen africain, où les citoyens peuvent circuler sans aucun visa ni exigence d’autorisation de voyage, semble remise en cause par le Royaume du Maroc pourtant présenté comme le ‘’Leader’’ en matière de migration par l’Union Africaine. Après son retour dans le giron africain, en janvier 2017, le Maroc s’était vu confier la responsabilité, par ses pairs africains, de proposer les grandes lignes d’une politique migratoire pour l’Union Africaine. Sur la lancée de sa reconquête du continent, Le royaume marocain avait alors manifesté sa candidature pour intégrer la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui prône une libre circulation pour les citoyens de sa communauté. Les lueurs d’espoirs envoyées ainsi par le Maroc semblent définitivement enterrées face aux pressions de l’Union Européenne qui ne cesse de renforcer le rôle des pays d’Afrique du Nord et du Sahel comme gendarmes de sa politique contre l’immigration des Africains.
Cette décision marocaine, contraire aux intérêts africains, ne peut être comprise que dans sa perspective de plaire aux institutions européennes. En effet, l’Union Européenne vient d’ouvrir une série de négociations avec certains pays d’Afrique pour exiger qu’ils rapatrient leurs citoyens « sans papiers » résidant en Europe sous peine de voir restreindre l’obtention de visa Schengen pour leurs nationaux désirant voyager légalement vers les pays européens. Le Maroc ne semble miraculeusement pas menacé par ce chantage de l’Union Européenne malgré des évènements récents qui ont vu des citoyens marocains tenter de gagner illégalement l’Europe. Il apparait plus que jamais nécessaire que la société civile africaine, dans son ensemble, lève la voix contre les diktats de l’Union Européenne qui, sous couvert de l’aide au développement, affaiblissent l’intégration africaine et empêchent les Africains de voyager sans visa au même titre que les citoyens de l’Union Européenne. L’Observatoire Ouest Africain des Migrations lance donc un appel à tous les citoyens des pays africains afin d’interpeller leurs Etats pour ne pas accepter des mesures qui fragilisent nos droits à la mobilité sur notre sol africain et qui détruisent notre volonté de vivre une véritable fraternité comme fils et filles d’un même continent.
Fait à Lomé le 02 novembre 2018
Pour l’Observatoire Ouest Africain des Migrations
Le Secrétaire Permanent
Samir ABI
Contact Presse : Samir ABI, Secrétaire Permanent, Observatoire Ouest Africain des Migrations, email : samir.abi@obsmigration.org
Les organisations de la société civile d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest accueillent avec joie le sommet entre la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC) et la Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui se tiendra à Lomé le 30 juillet 2018. En amont de ce sommet, elles tiennent à exprimer leur satisfaction de voir l’importance que les deux communautés économiques accordent à la question de la sécurité des populations et à la prévention de la radicalisation chez les jeunes. Elles saluent également les recommandations de la réunion des experts tenue à Lomé le 11 juillet 2018 qui ont souligné l’importance de l’inclusion de la société civile et des communautés locales pour la résolution des problèmes sécuritaires dans les deux sous régions. Fort de cette recommandation, les organisations de la société civile tiennent à attirer l’attention des 26 Chefs d’Etat et Chefs de Gouvernement qui se réuniront à Lomé sur les préoccupations profondes des populations qui les poussent à la radicalisation et à des actes de rébellion contre leurs autorités politiques.
La vulnérabilité sociale est aux yeux de la société civile la première et la plus importante des préoccupations qui facilitent l’émergence des mouvements citoyens radicaux, des rébellions armées et des groupes terroristes dans les deux sous régions. Tant que les populations d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest auront de la peine à pouvoir trouver de quoi se nourrir, un toit pour dormir et un emploi décent qui leur permettent de vivre dignement, on ne pourra espérer une fin aux problèmes de violence que connaissent nos régions. L’augmentation de la pauvreté, en particulier dans les milieux ruraux et les zones d’exploitation minière, fait souvent le nid des mouvements de contestation du pouvoir, des groupes armés et des sectes religieuses extrémistes. Il est donc plus facile aux groupes armées et aux bandes criminelles, grâce à la manne financière issue de trafic de tout genre, d’attirer des populations affamées par les politiques économiques de leurs dirigeants et de corrompre les représentants de l’Etat dans les zones où ils sont implantés.
En outre c’est la perte de confiance en la capacité protectrice de l’Etat au niveau social qui pousse de nombreux citoyens de nos communautés vers des pratiques cultuelles les plus extrêmes aussi bien dans l’animisme, le christianisme que l’islam. A défaut d’être écoutées par leurs Etats par rapport à leurs difficultés quotidiennes, les populations préfèrent s’en remettre aux divinités et sont ainsi instrumentalisées par des gourous, des cheikhs et des faux prophètes. L’urgence pour la société civile reste donc le retour à des mécanismes de protection sociale pour tous et la mise en place d’une véritable gouvernance participative qui permette à ce que les populations soient entendues par leurs autorités.
L’autre préoccupation majeure pour la société civile reste la prise en compte de la jeunesse par les politiques dans la lutte contre le radicalisme. Cette jeunesse, qui forme plus de 60% de nos populations, est plus éduquée que jamais et meurt d’envie de pouvoir servir nos pays pour faire du continent africain un oasis de fierté. Mais toute cette ressource que représente la jeunesse est chaque jour perdue faute de politiques adéquates à son endroit. Les politiques d‘employabilité et d’appui à l’entreprenariat des jeunes ne suffisent pas à elles seules pour combler les attentes. Les jeunes de nos communautés ont besoin de participer à la gouvernance de leur pays et de faire entendre leurs opinions sans être réprimés ou emprisonnés.
Les jeunes veulent avoir des hommes d’Etat qui les inspirent par leur sens de la justice, leur patriotisme et non des gouvernements à la solde du système politico-financier international. Les jeunes sont fatigués de mourir pour des élections transparentes et l’avènement d’alternance politique car leurs ainées qui sont censés leur montrer la voie à suivre par leur sagesse, se refusent à leur laisser la place. Las de risquer leur vie chaque jour dans des manifestations contre la corruption des acteurs étatiques, le non respect des droits humains et la puissance des entreprises transnationales sur les ressources de leur pays, les jeunes n’ont plus que deux possibilités: Prendre les armes ou allez mourir au loin en tentant de rejoindre d’autres continents. La société civile appelle les Etats de la CEDEAO et de la CEEAC à faire de la place aux jeunes dans la gouvernance de leur pays et leur montrer le bon exemple afin de les inspirer à mieux travailler pour le développement de nos communautés économiques.
Pour la société civile, la lutte contre le terrorisme dans nos sous régions ne doit pas donner une excuse aux Etats pour renforcer la course aux armements. La part des dépenses militaires dans nos budgets nationaux et l’endettement que constitue l’achat d’armes aux entreprises occidentales se font au détriment des dépenses nécessaires pour maintenir la protection et la cohésion sociale. En outre, la société civile attire l’attention sur les violences orchestrées contre les populations par les forces de défense et de sécurité lourdement armées mais peu formées au respect des droits. Les bavures et la répression disproportionnée des militaires dans les zones où opèrent les groupes rebelles ou terroristes alimentent encore plus le problème sécuritaire et offrent l’occasion aux groupes armés de proposer leur protection aux communautés locales. La société civile réitère son opposition au tout sécuritaire et à la répression comme solution face aux rébellions armées et aux groupes terroristes. Elle invite les comités en charge des questions de paix et de sécurité dans les deux communautés à renforcer leurs mécanismes d’alerte, de prévention et de médiation pacifique des conflits en privilégiant notamment la prise en compte des signaux sociaux qui les annoncent.
Enfin la société civile considère que la paix dans nos sous régions ne peut se construire que par une meilleure connaissance mutuelle et plus d’échanges entre les peuples, les ethnies et les différentes religions coexistant en Afrique de l’ouest et du centre. Pour ce faire, il est important que les citoyens d’Afrique de l’ouest et du centre puissent voyager et s’installer librement d’une région à l’autre pour faciliter une réelle intégration socio-économique. En ce sens, la société civile dénonce les politiques migratoires de certains pays de la CEEAC et de la CEDEAO qui empêchent les citoyens des différentes communautés d’avoir facilement des visas pour voyager. La société civile en appelle à la fin de ces politiques de visa dans l’esprit du Protocole sur la libre circulation de l’Union Africaine et à la fin des politiques xénophobes à l’intérieur des pays qui favorisent l’immigration des Européens et des Chinois au détriment de l’immigration africaine.
La société civile, tout en rappelant sa disponibilité à contribuer à la coexistence pacifique entre les peuples, les ethnies, les races, les communautés linguistiques et religieuses vivant en Afrique de l’ouest et du centre, souhaite l’instauration d’un cadre de dialogue permanent interrégional qui leur permettent de pouvoir faire entendre leur voix et exprimer leurs propositions à l’endroit des dirigeants des pays de la CEEAC et de la CEDEAO.
Fait à Lomé le 20 Juillet 2018
Signataires : L’Observatoire Ouest Africain des Migrations, Association Pour les Droits de L’Homme et L’Univers Carcéral (Congo- Brazzaville), Youth For Change Guinea (Guinée), Welcome BACK Cameroon (Cameroun), Union Nationale des Syndicats de Travailleurs du Bénin (Bénin), ONG SIFOS (Gabon), Centre Nigérien des Droits de l’Homme pour la paix et le développement (Niger), ONG KEOOGO (Burkina Faso), Visions Solidaires (Togo), Coalition Femme Paix et Sécurité (Burkina Faso), Panafrican Strategic and Policy Research Group (Nigeria), Conscience International Sierra Leone (Sierra Leone), Association des Volontaires pour le Secours et l’Assistance Humanitaire (Bénin), Association pour la Promotion de l’Environnement et l’Action Humanitaire (Mauritanie), Union Africaine des ONG de développement (Burkina Faso), Alternative Espace Citoyen (Niger), ONG Destin en main (Guinée), Groupe de Réflexion et d’Action pour la Solution au Phénomène de l’Immigration(Niger), Réseau Mondial Guinée Nouvelle (Guinée), Civil Society Network on Migration and Development (Nigeria), Centre for Youth Integrated Development (Nigeria), Mouvement des Jeunes Citoyens pour la Paix et la Stabilité Sociale (Niger), ONG Solidarité, Paix et Développement (Niger), Association Pour une Alternative au Service de l’Humanité (Congo Brazzaville), Agir pour Etre (Niger), Union des Jeunes pour la Paix et la Nation Africaine (Niger), Union Nationale des Syndicats Autonomes du Sénégal (Sénégal), Confédération Nationale des Organisations Paysannes de Guinée (Guinée), Rassemblement des Jeunes pour le Renouveau (Niger), FOR EVER (Cameroun), Association Nigérienne pour la Promotion de l’Education (Niger), Web of Hearts Foundation (Nigeria), Nosa Agbonvabare Michael Erhunmwunsee Foundation (Nigeria), Youth Child Support Initiative (Nigeria), Organization for Social Justice and Community Development (Nigeria), Child Advocacy and Empowerment Initiative (Nigeria), Mouvement Panafricain pour la Consolidation de la Paix (Niger)
Contact Presse : Samir ABI, Secrétaire Permanent, Observatoire Ouest Africain des Migrations, email : samir.abi@obsmigration.org
Considérant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ;
Considérant les Conventions du Bureau International du Travail ;
Considérant la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ;
Considérant la Constitution Ivoirienne ;
Considérant que la Bourse du Travail de Treichville-Abidjan est exclusivement un espace
consacré aux travailleurs ;
Considérant l’occupation de la Bourse du travail par les forces de police, ce mardi 28 novembre
2017 dès 05h00 du matin ;
Vu que cette occupation a empêché la tenue des travaux du Forum Citoyen de la Société Civile
et qu’il en résulte une violation flagrante des libertés d’expressions et de réunion ;
Vu que cette intrusion a sérieusement porté atteinte à la dignité des différentes délégations
d’Afrique, d’Europe et d’Amérique ;
Nous, acteurs de la société civile, participants au Forum Citoyen d’Abidjan tenue les 26, 27,28 novembre 2017
à la Bourse de Travail de Treichville :
Condamnons avec la dernière énergie cette irruption des forces de police à la Bourse du travail
pour brutaliser et disperser les participants au forum ;
Prenons l’opinion nationale et internationale à témoin de cette violation des droits humains dans
un pays dit de droit ;
Interpellons l’ensemble des Chefs d’Etats d’Afrique et d’Europe et en particulier son Excellence
le Président Alassane OUATTARA de se prononcer sur cet acte ;
Lançons un appel à la communauté internationale de prendre en considération nos exigences
contenues dans notre déclaration finale adoptée malgré cette oppression de l’opinion publique ;
Abidjan, le 28 novembre 2017
Les participants
Du 26 au 28 novembre 2017, les organisations de la société civile, les mouvements sociaux et syndicaux de 16 pays africains et de 7 pays européens se sont donnés rendez-vous à Abidjan à l’appel de leurs homologues ivoiriens afin de réfléchir sur les relations entre l’Afrique et l’Europe et proposer des recommandations pour le renouvellement du partenariat euro-africain. Le forum citoyen Afrique-Europe organisé en marge du 5ème sommet des Chefs d’Etat de l’Union Africaine et de l’Union Européenne s’est voulu un exemple de coopération entre les citoyens européens et -africains pour une nouvelle forme de solidarité internationale à laquelle aspire les populations du Nord et du Sud. Pour se faire, les travaux ont été organisés autour de trois axes majeurs comprenant chacun des sous thèmes. Il s’agit de : L’alternance démocratique, la protection sociale, les accords de partenariat économique (APE), l’endettement, le changement climatique, l’agriculture, la souveraineté alimentaire, la gouvernance des ressources naturelles, l’accaparement des terres et la migration.
Dans un esprit de convivialité et de partage, les acteurs de la société civile, du monde syndical, des mouvements de jeunes, de femmes, des paysans, des commerçants, des transporteurs, etc. ont débattu de leurs perspectives sur les différents thématiques abordées. Ils ont pris acte du thème central du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement : « Investir dans la jeunesse pour un avenir durable ». Les débats ont permis de faire les constats suivants :
- La protection sociale est quasi inexistante pour la majeure partie des populations africaines qui œuvrent dans le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche) et dans le secteur informel en milieu urbain ;
- L’accaparement des terres et des ressources naturelles (eaux, minerais, forêts¦) par les multinationales met en danger la souveraineté des pays africains;
- L’agro-industrie tue l’agriculture familiale, menace la souveraineté alimentaire et a des conséquences sur le changement climatique ;
- Les populations africaines sont les premières à souffrir des effets du changement climatique au niveau de la désertification et des catastrophes climatiques. Toutefois, les pays africains ne bénéficient pas de financements suffisants pour l’adaptation et l’atténuation des conséquences du changement climatique ;
- Le manque de cohérence entre les politiques européennes en Afrique et le respect des droits humains ;
- L’endettement et les mesures d’ajustement structurel continuent à détourner les ressources africaines nécessaires pour assurer le bien-être social des populations vers le paiement des intérêts aux banques et aux institutions financières internationales ;
- Les élections en Afrique et les mouvements pour une alternance démocratique sont toujours sources de violence occasionnant de nombreux morts au sein des populations ;
- Le caractère inégalitaire des accords commerciaux et du système économique international accentuent le chômage des jeunes et les poussent vers la radicalisation dans les mouvements extrémistes;
- Les peuples d’Afrique et d’Europe sont déçus de la gouvernance démocratique et économique de leur pays et croient de moins en moins à l’alternance au système par la voie électorale ;
- Les accords commerciaux euro-africains sont signés et ratifiés contre la volonté des peuples d’Afrique et d’Europe ;
- La lutte contre le terrorisme amène à une augmentation des financements des projets autour de la sécurité au nom de l’aide publique au développement au détriment des projets sociaux dans l’éducation et la santé;
- A l’état actuel, les relations entre l’Europe et l’Afrique sont maternalisées et définies unilatéralement par les politiques européennes dominées par un capitalisme exacerbée qui se caractérisent par les intérêts géostratégiques et la recherche effrénée du profit au détriment des aspirations des communautés africaines à la paix, à la démocratie et au développement. Elles se traduisent par un endettement sauvage aggravé de la dépendance monétaire, compromettant tout investissement souverains pour l’avenir des générations futures.
- Les Accords de partenariats économiques proposés, ne feront pas évoluer les choses dans le sens de la prise en compte des intérêts des peuples africains. Le partenariat public-privé, sur lequel est basé le plan d’investissement extérieur de l’union européenne, a déjà montré ses limites dans d’autres programmes similaires en cours. Ce partenariat est une source d’accaparement des ressources naturelles notamment la terre, l’eau, les semences, la pêche…En lieu et place d’une prospérité partagée, il faut s’attendre plutôt une à fragilisation des exploitations familiales, à une précarisation des communautés locales en général.
- Sous prétexte d’une politique de gestion de flux migratoires et de la lutte contre le terrorisme, les gouvernements européens passent sous silence les répressions que certains régimes africains exercent sur leurs propres peuples qui n’aspirent qu’à une alternance démocratique et à plus de respect de droits humains. La jeunesse, du fait de l’inadéquation de l’éducation au besoin de développement des économies des sociétés africaines, et des politiques exogènes imposés aux états Africains, souffre aujourd’hui du chômage endémique et de manque de repère. Cette situation la pousse à tenter des aventures extrêmes notamment la migration, le terrorisme avec leurs conséquences désastreuses.
- Face à cette situation de désespoir total, on assiste à des mouvements de revendication de jeunes partout en Afrique pour un développement à visage humain, plus de démocratie et une meilleure gestion de la chose publique. En lieu de réponses adéquates à ces justes et légitimes revendications, les gouvernements opposent, dans la plupart des cas, une répression. C’est le cas des violentes répressions récemment enregistrées au Togo, au Tchad, en République Démocratique de Congo au Burundi…
- L’évasion fiscale et les détournements de fonds de l’Afrique handicapent la mobilisation des ressources internes dont les pays africains ont besoin pour le bien-être de leur population ;
- Une bonne partie des pays africains francophones vivent toujours dans la dépendance monétaire envers la France à cause de l’utilisation du Franc CFA arrimée à l’euro ;
- Les pays africains font face à un chantage permanent de la part des pays européens pour stopper la mobilité intra-africaine et la migration des jeunes ;
- La jeunesse est la victime principale des politiques européennes et des institutions économiques internationales en Afrique ;
Face à ces constats, le forum citoyen Afrique – Europe fait les recommandations suivantes :
1- Sur la gouvernance et l’alternance démocratique
Aux organisations de la société civile :
- Impliquer effectivement les communautés pour les questions de gouvernance démocratique;
- renforcer les capacités des sociétés civiles pour une forte implication dans les processus de changement démocratique dans les Etats africains ;
- Eduquer, sensibiliser les populations à la culture démocratique et faire l’alerte précoce pour prévenir les crises liées à l’alternance démocratique ;
- Renforcer les capacités de participation des citoyens en se basant sur les valeurs de respect du bien commun et de la dignité humaine ;
- Créer des alliances avec les sociétés civiles qui se battent pour renouveler les démocraties européennes afin d’influencer les décisions qui se prennent en Europe pour l’Afrique ;
- Renforcer les alliances avec les sociétés civiles européennes pour influencer les relations entre les dirigeants africains et les multinationales en faveur des populations africaines ;
Aux Etats :
- Ecrire la constitution des Etats en fonction des réalités socio-culturelles et spirituelles de l’Afrique;
-
Renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire dans les Etats africains ;
- Garantir l’indépendance totale des institutions nationale et régionale du point de vue de leurs modes de désignation, de fonctionnement ainsi que leur autonomie financière ;
- Veiller à ne pas utiliser les forces de sécurité et l’armée contre les mobilisations pacifiques des populations ;
- Garantir aux communautés et aux peuples africains le droit inaliénable de disposer pleinement de leurs ressources naturelles.
- 2- Sur la protection sociale des différentes couches de la société
Aux gouvernants :
- Mener une réflexion sur le développement de l’Afrique autrement en s’inspirant du modèle européen dans la protection sociale ;
Aux organisations de la société civile :
- Rencontrer les parlementaires africains pour une meilleure prise en charge budgétaire de la protection sociale par les Etats au profit de toute la population ;
- Sensibiliser les populations des Etats africains à contribuer à l’amélioration de la protection sociale en s’acquittant de leurs taxes ;
- 3– Sur les accords de partenariat économique
- Informer et sensibiliser l’opinion publique africaine et internationale sur les effets néfastes des APE sur le commerce, l’intégration régionale, l’industrialisation, les droits humains et syndicaux ;
- Réaliser des études d’impact des APE au niveau des communautés économiques régionales avec l’implication effective et inclusive de la société civile des mouvements syndicaux et sociaux ;
- Geler les APE dans leur forme actuelle, et redéfinir un cadre de partenariat égalitaire.
- 4– Sur la souveraineté alimentaire, l’accaparement des terres et la gouvernance des ressources naturelles
- A l’Union européenne :
– La participation effective de la société civile et les communautés locales de base au processus de négociation, conception et exécution des plans d’investissement ;
– La prise en compte des leçons tirées sur les initiatives public- privés précédentes (AGRA, NASAN, etc) notamment leurs impacts sur les cadres légaux nationaux avec la libéralisation des ressources agricoles (terre, eau et semence) et du système d’alimentation locale ;
– Intégrer des indicateurs concrets sur la souveraineté alimentaire et la nutrition ;
– Mettre en place un système conjoint de suivi des engagements;
– Développer une stratégie pouvant amener les populations à consommer les produits locaux. -
- Aux gouvernements :
– Créer les richesses intérieures en consommant les produits locaux,
– Promouvoir des rapprochements des peuples du sud et du nord ;
– Prendre en compte les droits coutumiers et l’accès des femmes à la terre dans l’adoption des lois foncières,
– Définir une vision et des politiques claires sur l’agriculture, le foncier qui protège au mieux les droits des petits agriculteurs (accès à la terre, à l’eau et aux semences paysannes et ressources halieutiques),
– Inclure les organisations paysannes dans les instances de prise de décisions sur les orientations et mesures politiques,
Faire des analyses au préalable sur les objectifs de création d’emplois et des autres aspects bénéfiques pour l’économie locale et procéder à une analyse coût-bénéfice de toutes les mesures incitatives, fiscales, tarifaires et douanières.
Promouvoir l’agro écologie paysanne comme un modèle d’agriculture viable. - Aux organisations de la société civile :
– Renforcer les plaidoyers pour une participation des mouvements sociaux aux luttes pour la démocratisation de l’Afrique ;
– Se passer de certains financements asservissant.
- Aux gouvernements :
5- Sur la dépendance monétaire et l’évasion fiscale
– Lutter contre les flux financiers illicites et mobiliser des ressources internes.
– se développer, d’avoir le courage de sortir du système imposé et créer leur propre monnaie.
6- Sur le changement climatique
– Assurer un financement durable des mesures d’adaptation et d’atténuation du changement climatique au profit des populations victimes de la sécheresse, de l’avancée des mers et des catastrophes naturels ;
– Faciliter le transfert des technologies propres vers l’Afrique sans engendrer de nouvelles dette pour les pays africains ;
– Imposer aux entreprises opérant en Afrique, en particulier dans l’exploitation des ressources naturelles, des normes de protection environnementale et de responsabilité sociale à l’endroit des communautés vivant à proximité des zones d’exploitation ;
– Rendre justice aux communautés africaines victimes des dégradations de leur environnement suite à l’exploitation des ressources naturelles dans leur milieu ;
7- Sur la migration
– Mettre fin au système de visa de court terme qui empêche la mobilité des citoyens africains vers l’Europe et engendre des drames humains dans les déserts et dans les mers.
– Adopter le protocole de libre circulation des africains sur leur continent et abolir les frontières hériter de la colonisation ;
– Combattre les agents d’immigration à l’origine des tracasseries et des harcèlements aux frontières des citoyens et particulièrement des commerçants transfrontaliers ;
– Rediriger les fonds de développement utilisés aux renforcements des contrôles aux frontières à des réels projets sociaux qui bénéficient au bien-être des populations.
Abidjan, le 28 Novembre 2017
Les participants
Dans la perspective du Sommet Union Africaine – Union Européenne (UA-UE) qui se tiendra dans quelques semaines à Abidjan (Côte d’ivoire), une délégation d’organisation de la société civile d’Afrique et d’Europe, menée par l’Observatoire Ouest Africain des Migrations et l’ONG Allemande Pain Pour Le Monde, a rencontré différents acteurs politiques européens du 8 au 10 novembre 2017. Ces rencontres se sont déroulées respectivement à Bruxelles les 8 et 9 novembre puis à Berlin le 10 novembre. Elles ont été l’occasion pour la délégation d’échanger dans un premier temps avec d’une part des parlementaires européens de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates et d’autre part avec les parlementaires du Parti Populaire Européen. Par la suite, la délégation a eu à organiser une table ronde avec les représentants des différents groupes politiques siégeant au Parlement Européen, les Directions Générales de la Commission Européenne en charge de la Coopération au Développement (DG DEVCO), des migrations et des Affaires Intérieures et du Service Européen pour l’Action Extérieur (SEAE). Enfin, une réunion-débat s’est tenue entre les acteurs de la société civile euro-africaine et le Conseiller Spécial pour l’Afrique de la Chancelière allemande, M. Günter Nooke.
Les discussions lors de ces différentes rencontres visaient pour la délégation de la société civile à comprendre l’agenda européen pour le Sommet UA – UE d’Abidjan et à soumettre leurs attentes concernant l’enjeu principal du sommet qui portera sur la jeunesse. L’accent mis sur la création de l’emploi pour les jeunes et leur formation professionnelle au détriment de leur participation à la refonte de la gouvernance politique dans leur pays et à leur participation à la prise de décision ont été notamment pointées du doigt par les acteurs de la société civile lors des entrevues avec les acteurs politiques. Les différences de visions entre l’Europe et l’Afrique sur la croissance démographique en Afrique et ses défis ont également fait parti des débats. Les préoccupations liées à la radicalisation des jeunes et aux extrémismes qui ont le vent en poupe aussi bien en Europe qu’en Afrique ont également été abordées.
En outre, les échanges se sont étalés sur les actions menées par l’Union Européennes pour endiguer la migration africaine vers l’Europe et leurs conséquences sur l’intégration africaine. Les problèmes liés à l’externalisation des frontières européennes, à l’instrumentalisation de la lutte contre les trafic des êtres humains au dépend de la libre circulation des populations africaines, au détournement des fonds de l’aide publique au développement visant à lutter contre la pauvreté vers des projets sécuritaires de contrôle des frontières et le manque de transparence dans la gouvernance des projets financés par le fonds fiduciaire d’urgence en Afrique depuis le Sommet de La Valette.
Les acteurs, aussi bien de la société civile que des politiques, ont apprécié la profondeur des échanges et salué l’initiative de ces rencontres avant le Sommet UA-UE. Ils ont souhaité poursuivre les discussions à Abidjan lors du Forum Citoyen Afrique-Europe qu’organise la société civile et pendant le sommet des Chefs d’Etat avec l’intention que le partenariat euro-africain soit revu pour le bien-être des populations.
Berlin le 10 novembre 2017
L’Observatoire Ouest Africain des Migrations
Contact Presse : Samir ABI, Secrétaire Permanent de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations, email : samir.abi@obsmigration.org
La présente déclaration fait suite à la consultation lancée par l’Observatoire Ouest Africain des Migrations, en amont de la réunion des fonctionnaires de haut niveau du Processus de Rabat, auprès des associations, réseaux, syndicats et organisations religieuses travaillant sur la migration en Afrique centrale, de l’Ouest et du Nord. Son contenu répond aux positions et recommandations exprimées par ces organisations.
Les organisations de la société civile africaine expriment leur profonde reconnaissance à la Présidence du Processus de Rabat et à son secrétariat pour l’initiative d’associer pour la première fois la société civile à la réunion des fonctionnaires de haut niveau. Pour les acteurs de la société civile africaine, cette initiative est à louer car elle garantit, à leurs yeux, un gage de prise en compte de leurs préoccupations par les Etats d’Afrique et d’Europe engagés dans le processus de Rabat. En outre, cette ouverture à la société civile permet d’assurer à l’opinion publique le caractère transparent du processus. Les OSC africaines souhaitent, dans leur ensemble, voir la présence de la société civile et de la diaspora au sein des réunions du processus se renforcer durant la période 2018-2020.
Pour la société civile africaine, l’actualité de la migration aussi bien en Europe que dans les différentes régions d’Afrique rend plus que jamais nécessaire le maintien d’un cadre de dialogue sincère et franc entre les pays européens et leurs partenaires africains. Unis par les liens de voisinage et par une histoire commune depuis l’antiquité, l’Europe et l’Afrique ne peuvent se développer que dans une entente mutuelle. Tel est le plus grand souhait des populations africaines qui à l’heure de la mondialisation aspirent à plus de solidarité avec les autres parties du monde pour faire face aux défis politiques, économiques, sociaux et environnementaux qui affectent notre planète. En ce sens la société civile africaine salue la priorité accordée à la jeunesse et à l’emploi des jeunes en Afrique dans le cadre du prochain sommet Union Africaine – Union Européenne en Novembre 2017 en Côte d’Ivoire.
Toutefois, la société civile africaine, tient à rappeler que la mobilité et la migration des jeunes ne sont pas à considérer comme des problèmes. La mobilité et la migration des populations africaines ne sont, aux yeux de la société civile, qu’une conséquence logique et normale de cette nouvelle proximité née de la mondialisation. C’est pourquoi la société civile africaine salue l’approche en termes de migration et développement du processus de Rabat. En effet, le migrant est loin d’être un criminel. C’est un acteur de développement qui contribue énormément au renouvellement social et à la vitalité économique de son pays d’accueil, de transit et d’origine. Le monde entier sort ainsi gagnant de la migration. La présente réunion offre donc l’opportunité à la société civile de saluer le rôle important des diasporas africaines aussi bien en Europe qu’en Afrique en termes de développement économique et social.
Partant de ce constat, la société civile africaine s’inquiète de l’importance prise par la vision sécuritaire de la migration au détriment de la vision du développement qui amène à considérer les personnes en mobilité et en particulier les migrants comme des criminels. Malgré les attentes ciblées dans les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies visant à faire de la migration un outil de développement pour la planète, la société civile africaine constate un durcissement des mesures législatives de la part de certains Etats qui rendent difficile la mobilité régionale et internationale des populations africaines. La libre circulation des populations en Afrique de l’Ouest et entre l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord se détériore à cause de projets encourageant la gestion sécuritaire des frontières et la chasse aux migrants au lieu de la protection des droits humains à la mobilité.
Cependant, des lueurs d’espoir apparaissent en Afrique centrale notamment au Tchad et au Gabon qui ont entrepris la démarche de faciliter la libre circulation des citoyens de leur région sur leur sol. Cette démarche que la société civile africaine salue se doit de trouver un écho favorable auprès de tous les Etats membres du processus de Rabat pour faire de la libre mobilité des populations sur le continent africain et entre l’Europe et l’Afrique la finalité ultime du dialogue euro-africain autour de la migration.
La criminalisation continue des populations africaines en mobilité, via le renforcement des contrôles dont ils font l’objet dans les aéroports, aux frontières terrestres et dans leur pays de résidence, a également pour conséquence la recrudescence des actes xénophobes et de discrimination à leur égard. Les déportations collectives de travailleurs migrants, de demandeurs d’asiles et dans certains cas de réfugiés que la société civile africaine a constaté ces derniers mois sont assez préoccupantes pour ne pas être passées sous silence. Le non respect des droits humains durant les procédures d’expulsion occasionne des drames qui attristent les populations africaines.
Les travailleurs migrants et les membres de leur famille qui sont pour la plupart victimes de ces expulsions contribuent pourtant par leurs efforts et par leur consommation à la croissance des pays d’accueil ou de transit en y exerçant les métiers les plus rudes sur les chantiers de constructions, dans les champs ou au niveau des ménages et bien souvent sans protection sociale. Le non respect ou la non ratification des conventions des Nations Unies et de l’OIT protégeant les droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille continuent toujours à pénaliser une meilleure intégration et un plus grand apport des migrants au développement des pays. Le manque de considération de ces textes est à la base de l’esclavage moderne dont sont victimes les travailleurs migrants en général, et les femmes migrantes en particulier, dans de nombreux pays d’Afrique et d’Europe. La société civile africaine reste persuadée qu’une des solutions à l’exploitation des travailleurs migrants se trouve, non dans l’adoption de législation contrôlant la mobilité des citoyens afin de lutter contre le trafic des migrants, mais plutôt dans la facilitation des canaux légaux de mobilité et de la délivrance de visas aux africains.
La situation sociale dans de nombreux pays africains faite de chômage, de mauvaise gouvernance, de conflits armés, de manque de protection sociale etc. amène la société civile africaine à porter un regard critique sur les expulsions des migrants sans papiers d’Europe vers ces pays. La réintégration sociale de ces migrants expulsés reste toujours une épine au pied des pays africains. Dans le sens du dialogue franc et sincère qui anime la coopération euro-africaine, la société civile africaine espère des Etats européens une étude sérieuse des options de régularisation et d’intégration sociale des migrants sans papiers avant de les expulser vers des pays dont la situation les rendront encore plus vulnérables au risque de perdre leur vie.
La question des enfants en mobilité préoccupe au plus haut point la société civile africaine. L’augmentation du phénomène des enfants non accompagnés de leurs parents qui se retrouvent en migration loin de leur pays traduit pour la société civile africaine la crise profonde que vivent nos sociétés. La solution à ce phénomène reste pour la société civile la prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant tel que stipulée dans la Convention des Nations Unies sur le droit des enfants. La société civile tient à faire remarquer que dans le cas des enfants en mobilité non accompagnés, le retour et la réinsertion dans le pays d’origine n’est pas forcément la meilleure solution. La société civile invite les Etats à valoriser l’accompagnement protecteur des enfants en mobilité en leur garantissant l’accès aux services sociaux de base et en leur facilitant l’obtention des documents d’identité.
La société civile africaine est plus que jamais disposée à travailler aux côtés des Etats membres du processus de Rabat pour assurer une meilleure protection des droits humains des migrants et leur intégration réussie partout où ils se trouvent. Pour ce faire, l’accès aux financements mis à disposition dans le cadre du processus se doit d’être simplifié pour les organisations africaines. En effet, malgré les nombreux défis liés à la migration auxquels les pays africains font face, la société civile africaine, dans son rôle d’accompagnement des Etats, fait face à un manque cruel de ressources. La priorité donnée à l’appui budgétaire aux Etats et l’obligation pour les organisations africaines d’avoir des partenaires européens avant d’avoir accès à certains appels à projets rendent difficile l’accès au financement pour leurs activités. Face à ces contraintes, le nombre d’acteurs de la société civile africaine actifs sur le terrain, pour aider et faciliter une migration source de développement, se réduit. Le prochain programme 2018-2020 du processus de Rabat laisse espérer à la société civile africaine des lendemains meilleurs pour son action afin d’améliorer la mobilité des populations africaines et la situation des migrants en Afrique et en Europe.
Pour le Compte des Organisations de la Société Civile Africaine
L’Observatoire Ouest Africain des Migrations
Excellence Monsieur le Président,
L’Algérie est le pays du Maghreb que beaucoup parmi les représentants des organisations et syndicats signataires de cette présente lettre n’ont pas eu la chance de découvrir pour diverses raisons. L’une d’entre elle, et pas des moindres, est celle relative à l’obligation de l’obtention de visa qui s’applique aux citoyens de plusieurs pays africains désirant se rendre en Algérie, et bien entendu, la restriction de la liberté de circulation des Africains subsahariens, qui est devenue la règle générale dans la région.
Nous connaissons, à l’instar de nos parents, ce beau pays qui est l’Algérie, par sa fascinante histoire d’accession à l’indépendance, par ses héros et héroïnes qui ont marqué à tout jamais l’esprit africain. L’Algérie a toujours été présente en Afrique tout comme l’Afrique en Algérie.
Nous souhaitons vous adresser cette lettre ouverte, Excellence Monsieur le Président de la République, pour vous faire part de nos profondes et inquiétantes préoccupations, suite aux informations qui nous parviennent de nos confrères syndicalistes algériens et de certains de nos concitoyens travailleurs migrants subsahariens en Algérie qui se font arrêter et expulser.
Selon les témoignages reçus, des arrestations de travailleurs migrants subsahariens se déroulent depuis une dizaine de jours dans les rues d’Alger. Jusqu’alors personne n’arrive à comprendre les raisons du déchainement de cette terrible violence psychologique, voir physique dans certains cas, envers les africains subsahariens vivants dans votre pays.
Nous, les représentants des syndicats et organisations d’Afrique subsaharienne travaillant dans le domaine de la migration, réunis à Tunis, prions les autorités algériennes de bien vouloir :
- Mettre fin aux expulsions massives en cours en ce moment.
- Ne plus procéder au rapatriement des travailleurs migrants vers des pays dont ils ne sont pas originaires ou vers des pays où ils risquent de graves violations des droits de l’Homme.
- De protéger les réfugiés reconnus par le Bureau Algérien Pour les Réfugiés et les Apatrides (BAPRA) et les demandeurs d’asile enregistrés auprès du HCR en Algérie contre toute expulsion forcée.
- De promouvoir les possibilités de régularisation des travailleurs migrants en situation irrégulière.
Fait à Tunis le 8 octobre 2017
Les Signataires :
Observatoire Ouest Africain des Migrations
Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie
Union Nationale des Travailleurs du Mali
Union des Syndicats des Travailleurs du Niger
Union Générale des Travailleurs de Côte d’Ivoire
Centrale Nationale des Travailleurs du Sénégal
Union Nationale des Syndicats de Travailleurs au Bénin
Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali
Union Démocratique des Travailleurs du Sénégal
Confédération des Syndicats Autonomes du Sénégal
Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal/ Forces de Changement
Nous, 71 hommes et femmes membres de 52 Organisations de la Société Civile africaine et la diaspora, réunies les 28 et 29 août 2017 à Bamako au Mali dans le cadre des consultations régionales panafricaines sur le Pacte Mondial sur les Migrations, sommes fortement préoccupés par les politiques migratoires qui se mettent en place sous la pression de l’Union Européenne et de ses Etats membres. Ces politiques sont caractérisées par une approche purement sécuritaire et exclusive.
La rencontre de La Valette a été un moment important dans la mise en place de ces politiques d’exclusion. L’accord et la déclaration qui s’en sont suivis concernent principalement :
- La prévention de la « migration dite irrégulière »,
- La coopération en matière de retour et de réadmission.
Ces politiques vont à l’encontre des intérêts des populations africaines et des migrants. En plus, elles ont des effets négatifs sur la libre circulation aussi bien au niveau international qu’au sein du continent africain.
Le mini-sommet entre la France et certains pays d’Afrique notamment la Libye, le Niger et le Tchad tenu les 27 et 28 août en même temps que notre rencontre, s’inscrit dans cette logique. Il met en œuvre certains éléments contenus dans les accords de La Valette, notamment en décidant de la prochaine mise en place de centres de tri appelés « Hotspots » au Niger et au Tchad.
Ces centres, qui sont des éléments centraux dans les politiques d’externalisation des frontières de l’Europe, vont devenir des points focaux pour les demandes d’asiles provenant du continent africain. Dans cette logique, tout demandeur d’asile africain pour l’Europe devra désormais passer par ces centres pour pouvoir introduire sa demande d’asile au sein de l’Union Européenne. Cette approche rend toute demande d’asile quasiment impossible et elle est contraire à la fois à la Convention de Genève et celle de l’Union Africaine sur les réfugiés.
Nos organisations, de façon unanime condamnent vivement :
- L’initiative de mise en place de centres de tri (Hotspots) sur notre continent qui ne fera que violer les droits des demandeurs d’asile ;
- les politiques migratoires européennes qui génèrent un véritable hécatombe sur les routes de la migration dont les principales victimes sont les jeunes du continent;
- les pressions de l’Union Européenne pour imposer des accords en totale contradiction avec les intérêts des populations africaines;
- la volonté de l’UE de saper toutes les initiatives d’intégration interafricaine avec l’introduction de nouvelles barrières à la libre circulation des personnes dans les espaces jadis intégrés;
Nous exigeons de nos Etats:
- de reconnaître que la migration est un droit humain fondamental;
- de s’abstenir de signer de tels accords avec les pays de l’Union Européenne;
- de garantir les intérêts des migrantes et des migrants africains qu’ils soient sur le continent ou en dehors;
- de mettre en place de véritables politiques africaines qui promeuvent la citoyenneté, autonomisent les migrants et surtout les femmes et les jeunes tout en privilégiant les droits des enfants accompagnés ou non;
- de travailler à l’émergence d’une véritable politique africaine de migration reconnaissant le rôle très positif du migrant et lui fournissant les cadres pouvant promouvoir sa dignité et son statut de vecteur de développement.
Nous nous engageons à remettre cette déclaration aux différents dirigeants africains et d’Europe et de diffuser le plus largement possible la présente déclaration.
Respectez les droits des migrants maintenant et partout dans le monde!!!
Fait à Bamako le 29 Août 2017
Les participants et participantes
Du 28 au 30 Août 2017, l’Union Africaine organise à Port Louis, à l’île Maurice, une réunion des experts des Etats africains, dans le cadre de l’adoption prochaine du protocole sur la libre circulation des personnes en Afrique. Cette réunion, qui fait suite à celles déjà tenues à Accra (Ghana) et à Kigali (Rwanda) au premier semestre de cette année, vise à l’élaboration d’une feuille de route pour la mise en œuvre dudit protocole. Les experts des ministères des affaires étrangères, des ministères de la sécurité, des administrations en charge de l’immigration, de la gestion des frontières et des services de renseignements auront également pour tâche, durant les trois jours de travaux, de mettre sur pied une « Task force » pour accompagner la commission de l’Union Africaine (UA) dans sa stratégie de mise en œuvre du protocole.
La réunion de l’Ile Maurice offre l’occasion à la Campagne pour la Libre Circulation en Afrique, initiée par la société civile africaine, de faire entendre la voix des populations. Dans leurs lettres envoyées aux Chefs d’Etats de différents pays africains, les organisations membres de la campagne, ont exprimé leur soutien à l’adoption du protocole sur la libre circulation des personnes en Afrique avec son entrée en vigueur immédiate telle que décidé lors de la 27ème assemblée de l’Union Africaine à Kigali en juillet 2016. En outre l’ensemble des organisations africaines engagées dans la campagne soutiennent la nécessité pour les Etats africains de dépasser les frontières héritées de la colonisation pour arriver à une réelle intégration africaine.
Pour la société civile et les syndicats africains, à l’exemple du Bénin et des Seychelles, tous les Etats africains se doivent de supprimer l’obligation de visa pour les africains se rendant dans un autre pays africain. La société civile et les syndicats africains sont plus que jamais convaincus que cette décision permettra plus d’échanges au niveau humain et commercial sur le continent en levant les barrières entre les différentes communautés économiques régionales. La société civile et les syndicats africains appellent également, pour l’effectivité de la libre circulation en Afrique, à l’ouverture permanente de toutes les frontières terrestres entre les pays africains afin d’assurer une continuité des échanges intra-africains.
Les organisations de la société civile africaine et les syndicats tiennent tout autant à exprimer leur souhait d’avoir une participation plus active dans le processus d’adoption du protocole et non seulement un rôle consultatif. En effet, les populations africaines, les premiers destinataires du protocole, doivent, dès à présent, se l’approprier pour veiller à sa mise en œuvre. Une participation active et élargie de la société civile et des syndicats, à ce processus, faciliterait l’appropriation du protocole et assurerait le travail de veille citoyen pour sa bonne mise en œuvre. Les organisations membres de la Campagne pour la Libre Circulation en Afrique réaffirment leur engagement à continuer à collaborer dans leur pays respectif, au niveau de leur communauté économique régionale et au niveau de l’Union Africaine, pour la libre circulation effective des africains sur leur sol.
Fait le 19 août 2017
Organisations signataires :
Observatoire Ouest Africain des Migrations (OOAM), Confédération Syndicale Internationale – Afrique (CSI-Afrique), Consortium for Refugees and Migrants in South Africa (Afrique du Sud), ONG Destin En Main (Guinée), Union Africaine des ONG de Développement – Burkina Faso (Burkina Faso), Faith & Justice Network of the Mano River Basin Countries (Liberia), Welcome Back Cameroon (Cameroun), Children and Young People Living for Peace (Nigeria), Alert Migration (Burkina Faso), Centre for Youths Integrated Development (Nigeria), Fédération Nationale pour l’Agriculture Biologique (Sénégal), Aide aux Familles et Victimes des Migrations Clandestines (Cameroun), Réseau Migration et Développement (Sénégal), Association Nationale des Partenaires Migrants (Sénégal), Direy Ben – Gao (Mali), Worldview – The Gambia (Gambie), Network of CSOs Against Child Trafficking, Abuse and Labour (Nigeria), Visions Solidaires (Togo), Child and Youth Protection Foundation (Nigeria), Conscience International (Sierra Leone), Association pour la Promotion de l’Environnement et l’Action Humanitaire (Mauritanie), SOS Immigration Clandestine (Côte d’ivoire), Association des Refoulés d’Afrique Centrale au Mali (Mali), Réseau Afrique Jeunesse (Guinée), Association pour la Défense des Émigres Maliens (Mali), Collectif des OSC pour la Sécurité Alimentaire et le Développement Rural (Cameroun), Africa Unite (Afrique du Sud), Initiative Migration et Développement (Mali), Niger Delta Women’s movement for Peace and Development (Nigeria), Changement social (Bénin), Conseil de Jeunesse de la CEDEAO – Coordination Pays Guinée (Guinée), Association Jeunesse Active du Niger (Niger), Réseau Ouest Africain des Jeunes Femmes Leaders du Bénin (Bénin), Association Santé Education Démocratie (Niger), Organisation Démocratique des Travailleurs Immigrés au Maroc (Maroc), Association Pour une Alternance au Service de l’Humanité (Congo),
Le Président de la République du Togo, Président en exercice de la CEDEAO, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE, a reçu en audience ce vendredi 04 août 2017 au palais de la présidence à Lomé, une délégation de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations conduite par son Secrétaire Permanent, M. Samir ABI. Cette audience fait suite à la lettre ouverte adressée à l’attention du Président en exercice de la CEDEAO et de la campagne pour la libre circulation en Afrique que coordonne l’Observatoire Ouest Africain des Migrations.
Durant 45 mn, la délégation a échangé avec le Chef de l’Etat togolais sur ses priorités à la tête de la CEDEAO, notamment en matière d’intégration régionale et de libre circulation des personnes et des biens. Au début de l’entretien, le Secrétaire Permanent de l’Observatoire a eu à féliciter le Président de la République pour sa récente décision de permettre l’ouverture 24h/24 de la frontière Togo-Ghana. Cette décision est apparue aux yeux de l’Observatoire comme un pas de plus vers une circulation fluide des personnes entre le Togo et le Ghana et comme un exemple de bonne pratique à suivre par tous les autres pays africains. Le Président de la République a exprimé le souhait de voir l’ouverture permanente de cette frontière marquer un accroissement des échanges entre les deux pays. Il a toutefois exprimé sa préoccupation sur les obstacles qui handicapent le commerce transfrontalier entre les pays ouest africains notamment la non possession de carte d’identité par de nombreux citoyens de la CEDEAO.
A la suite du Chef de l’Etat, la délégation de l’Observatoire est revenue sur les pratiques développées par certains pays ouest africains qui consistent à donner des laissez-passer de 72 heures aux citoyens de la CEDEAO ne disposant pas d’une carte d’identité, moyennant le payement d’une taxe et donnant droit à une quittance. Cette pratique assure ainsi un approvisionnement des caisses de ces Etats qui veillent ainsi à lutter contre la corruption et les tracasseries aux frontières. Les échanges se sont ainsi poursuivis sur la possibilité qu’un jour l’espace CEDEAO puisse réellement ressembler à l’espace Schengen avec la possibilité de circuler librement sans contrôle aux frontières. Le Président en exercice de la CEDEAO, tout en partageant ce souhait, a évoqué les réticences des Etats à une ouverture complète des frontières face aux menaces sécuritaires.
La libre circulation, au niveau africain, a également fait l’objet d’échanges entre la délégation de l’Observatoire et le Chef de l’Etat togolais. Pour la délégation de l’Observatoire, la CEDEAO, et en particulier son Président en exercice, devrait jouer un rôle plus actif dans l’adoption prochaine d’un protocole sur la libre circulation par l’Union Africaine prévue en janvier 2018. En réponse, le Président en exercice de la CEDEAO, a tenu à rassurer la délégation sur l’intérêt que porte l’ensemble des Chefs d’Etat africains pour la libre circulation sur le continent. Il a cependant expliqué que l’agenda fort chargé des réunions lors des Assemblées de l’Union Africaine(UA), empêche parfois d’aller au fonds des discussions sur le sujet. Il a en ce sens salué les réformes proposées par le Président KAGAME du Rwanda qui permettront d’alléger l’agenda des réunions de l’UA pour les rendre plus efficaces. La délégation de l’Observatoire a exprimé le souhait qu’à l’exemple du Bénin, le Chef de l’Etat togolais puisse inviter ses pairs africains à exempter de visas d’entrée, les africains se rendant dans son pays.
Le Chef de l’Etat togolais a déploré le drame des jeunes africains migrants vers l’Europe via les routes de la mer Méditerranée. Pour la délégation de l’Observatoire, ce drame pourrait être évité si les populations africaines pouvaient bénéficier de facilités pour obtenir des visas dans leur mobilité vers l’Europe dans un esprit de réciprocité aux facilités dont profitent les européens qui se rendent en Afrique. Dans l’optique du prochain sommet Union Européenne-Union Africaine de novembre 2017 à Abidjan, la délégation de l’Observatoire a sollicité le Président togolais pour qu’il soit le porte parole de la jeunesse africaine auprès des partenaires européens afin que ceux-ci puissent revoir leur politique de délivrance de visas pour offrir des voies légales de migration aux africains.
Le Secrétaire Permanent de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations a enfin remercié le Président en exercice de la CEDEAO pour la grande volonté dont il fait preuve depuis le début de son mandat pour faire avancer la cause de l’intégration régionale. Tout en se félicitant de la feuille de route dressée par la Présidence togolaise de la CEDEAO, il a émis le vœu que les quatre priorités définies puissent effectivement être réalisées d’ici la fin du mandat. Il a espéré que l’ouverture manifestée par le Chef de l’Etat togolais à l’égard de la société civile ouest africaine, qui se traduit par la rencontre avec la délégation de l’Observatoire, puisse faire exemple au sein de la CEDEAO. Le Président de la République togolaise, Président en exercice de la CEDEAO, a, lui, réaffirmé sa volonté de continuer le dialogue avec la société civile ouest africaine tout au long de son mandat à la présidence de la communauté pour répondre à l’objectif de la CEDEAO des peuples qui tient au cœur de son agenda.
Fait à Lomé le 04 août 2017
Pour l’Observatoire Ouest Africain des Migration
Le Secrétaire Permanent
Samir ABI
La célébration de la journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, ce 30 juillet 2017, offre l’occasion à la Conférence des Eglises de Toute l’Afrique (CETA) et l’Observatoire Ouest Africain des Migrations (OOAM) d’exprimer leur compassion à toutes les victimes d’exploitation humaine de par le monde et en Afrique en particulier. Aucune âme humaine ne peut, consciemment, rester insensible au drame que constitue le travail forcé, le trafic des organes humains ou l’exploitation sexuelle d’un humain par un autre pour en tirer profit. Les Eglises de toute l’Afrique et les organisations membres de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations ne cessent de recueillir des témoignages d’hommes, de femmes et d’enfants, transformés en esclaves domestiques, exploités dans les usines, dans les fermes agricoles, dans les conflits armés, forcés à la prostitution, à la pornographie ou à mendier contre leur volonté.
Il est souvent difficile d’imaginer la façon atroce dont des êtres humains maltraitent d’autres humains dans les maisons, les entreprises, les champs, sur les routes en Afrique et hors du continent. La faim, le manque d’emploi, les mauvaises récoltes et la précarité contraignent un nombre croissant de familles à vendre leurs enfants sans suivre les procédures officielles d’adoption ou à contraindre leur fille au mariage sans leur consentement. Les guerres et les catastrophes naturelles amènent des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, en Afrique et partout dans le monde, à se retrouver en situation vulnérable en tant que réfugiés ou déplacés internes, les obligeant à accepter toutes les formes possibles d’exploitation pour survivre. Au nom de l’éthique propre à toutes les sociétés humaines et de la foi qui anime tout croyant, la Conférence des Eglises de Toute l’Afrique et l’Observatoire Ouest Africain des Migrations en appellent aux personnes, profitant de l’exploitation d’un être humain, à bannir un tel crime que condamnent aussi bien les religions que la morale laïque.
Les Eglises de toute l’Afrique et les organisations membres de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations n’ont de cesse de mener des actions de prévention, de protection et d’assistance humanitaire à l’endroit des victimes de la traite. De par leur ancrage communautaire, les églises offrent souvent le meilleur espace pour sensibiliser les communautés contre la vente de leurs fils et filles à des fins d’exploitation dans les campagnes, les villes et hors de leur pays d’origine. Au regard de la complexité du phénomène de traite et de la nature criminelle des personnes et organisations qui en profitent, la Conférence des Eglises de Toute l’Afrique et l’Observatoire Ouest Africain des Migrations lancent un appel aux Etats africains pour plus d’efficacité dans leurs actions de répression de ces organisations et personnes, en évitant de criminaliser les victimes et leur communauté. En outre, les Etats africains se doivent plus que jamais de consacrer plus d’attention à la réinsertion dans leur pays d’origine des victimes de traite à leur retour.
Le caractère régional et transcontinental de la traite des hommes, des femmes et enfants africains, amène la Conférence des Eglises de Toute l’Afrique et l’Observatoire Ouest Africain des Migrations, à en appeler aux communautés économiques régionales (CEDEAO, CEAC, IGAD, EAC, SADC etc.) et à l’Union Africaine pour intensifier la coopération régionale ; et parvenir à des accords avec leurs homologues d’Europe et du Moyen Orient ; afin d’assurer le respect des droits des travailleurs migrants africains exploités dans ces zones. La Conférence des Eglises de Toute l’Afrique et l’Observatoire Ouest Africain des Migrations, tout en saluant les efforts faits par les Etats africains pour renforcer leur législation contre la traite des personnes et le trafic des migrants, tiennent à manifester leurs vives préoccupations sur la criminalisation des transporteurs et des citoyens africains exerçant leur droit à la libre circulation dans les espaces régionaux du continent. Cette criminalisation, fruit en partie des pressions de l’Union Européenne sur certains pays africains à l’issue du sommet de la Valette, ne peut qu’amener à l’ouverture de routes migratoires plus périlleuses et renforcer le recours aux trafiquants faute de voies légales offertes aux Africains pour exercer leur droit à la mobilité.
Pour la Conférence des Eglises de Toute l’Afrique et l’Observatoire Ouest Africain des Migrations, une solution durable à la traite des êtres humains est à trouver dans la promotion de la justice économique et sociale au niveau national et international et celle des valeurs démocratiques qui permettraient à toute personne d’avoir un emploi décent pour nourrir sa famille et soutenir l’éducation de ses enfants par une utilisation équitable des ressources. La traite des êtres humains ne saurait être combattue sans que ne soient facilités la régularisation des travailleurs migrants et le respect de leurs droits partout où ils exercent leurs activités professionnelles, sans la fin du système de « Khafala » dans les pays du Moyen-Orient et sans des actions fortes contre la demande de prostituées et de main d’œuvre corvéable à merci dans les pays de destination. La Conférence des Eglises de Toute l’Afrique et l’Observatoire Ouest Africain des Migrations rappellent que la lutte contre la traite des êtres humains se doit d’être de notre responsabilité à tous au niveau individuel, dans nos familles, dans nos communautés, dans nos pays, au niveau régional et international car tous les êtres humains méritent respect et compassion.
Contact Presse :
Révérend Professeur BOSELA EALE , Conférence des Eglises de Toute l’Afrique, Nairobi -KENYA
email : boselaeale@aacc-ceta.org
ABI Samir, Observatoire Ouest Africain des Migrations, Lomé-TOGO
email : samir.abi@obsmigration.org
Excellence Monsieur le Président en exercice de la CEDEAO,
Au nom des organisations membres de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations, nous nous permettons de vous adresser nos sincères félicitations pour le choix fait par vos pairs de vous porter à la présidence de notre communauté économique. A la suite du 51ème sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO tenu à Monrovia le 4 juin 2017 et fort de votre souhait de placer votre mandat à la tête de la CEDEAO sous le signe de l’intégration régionale, l’Observatoire Ouest Africain des Migrations a lancé une large consultation auprès des acteurs de la société civile ouest africaine. Cette consultation visait à recueillir leurs propositions sur les actions qui leur semblent importantes à mener pour une réelle intégration au niveau régional. Elle a permis à diverses Organisations Non Gouvernementales, hommes religieux, opérateurs économiques, communautés de migrants et citoyens de s’exprimer sur les changements qu’ils espèrent voir lors de votre mandat à la tête de notre ensemble sous régional. La présente lettre ouverte à votre endroit synthétise les attentes exprimées par les différents acteurs qui, nous l’espérons, trouveront un écho favorable dans vos priorités à la tête de la Communauté.
Excellence Monsieur le Président en exercice de la CEDEAO,
Les citoyen-ne-s de notre communauté économique ne cessent d’exprimer leur fierté d’appartenir à cet espace qui réunit des peuples ayant une histoire commune depuis des siècles. Malgré les divisions nées de la colonisation, les populations ouest africaines se sentent héritières d’une histoire et de cultures communes qui ont marqué leur région. La volonté d’intégration que vous exprimez à la tête de la CEDEAO trouve donc un écho favorable auprès des citoyen-ne-s de cet espace qui espèrent, au-delà des mots, des actes concrets de votre part pour renforcer l’entente et la coopération entre les peuples de la sous région.
Excellence Monsieur le Président,
Vos premiers pas à la tête de notre espace ont été marqués par la visite d’un poste frontalier pour faire l’état des lieux de la libre circulation au sein de l’espace. Tout en vous encourageant à mener d’autres actions similaires, les citoyen-ne-s de notre espace communautaire tiennent à exprimer leur vive préoccupation quant aux harcèlements qu’ils ne cessent de vivre aux postes de frontières et sur les routes des Etats de la CEDEAO. Votre visite au poste frontalier entre le Togo et le Ghana ne vous a certes pas permis de vous rendre compte des réelles difficultés qui se posent aux Togolais voulant se rendre au Ghana ou aux Ghanéens, Ivoiriens, Nigérians, et autres citoyens de la CEDEAO désirant venir à Lomé. Nombreux sont les citoyen-ne-s de cette communauté que vous présidez, qui sont contraints, malgré la possession de leur passeport et de leur carnet de vaccination à jour, de subir un racket systématique de la part des agents d’immigration. Cette situation, que tous les citoyen-ne-s ne cessent de décrier depuis des années, ne semble pas avoir trouvé de solution jusqu’à nos jours. Or, aux yeux des citoyens, il suffirait d’un réel engagement des Chefs d’Etats et de mesures de contrôle plus strictes des actions des agents d’immigration pour mettre fin à ces pratiques anormales. Au nom de ces paisibles citoyen-ne-s harcelés, de ces pauvres femmes humiliées car ayant un passeport autre que celui du pays qu’ils désirent traverser, nous vous prions d’user de votre poids auprès de vos pairs de la sous région pour qu’il soit mis fin au racket aux postes de frontières et sur les routes.
Excellence Monsieur le Président,
Comme l’ont exprimé certaines organisations lors des consultations que nous avons menées, on ne saurait parler de libre circulation des personnes, tant que ces dernières sont obligées de présenter des documents d’identité et un carnet de vaccination pour passer d’un pays à l’autre de la CEDEAO. A l’image de l’espace Schengen, la libre circulation que la société civile ouest africaine espère voir dans notre région est celle qui permettrait à un citoyen de quitter le Sénégal pour aller au Nigeria sans devoir montrer un passeport, une carte d’identité biométrique et un carnet de vaccination. Une intégration réelle dans nos régions ne saurait souffrir de ces frontières poreuses et artificielles que nous ont léguées les colons européens et que nos pays ne cessent de renforcer au nom de la souveraineté nationale.
Excellence Monsieur le Président,
La sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme sont autant d’arguments évoqués par certains Etats pour justifier le maintien et le renforcement des contrôles aux postes de frontières. Comme l’ont rappelé les experts et les ministres en charge de la Sécurité au dernier dialogue sur la migration en Afrique de l’Ouest tenu à Abidjan en Côte d’ivoire, en août 2016, la libre circulation des personnes n’a aucun lien avec le terrorisme. Quelles que soient les mesures prises pour le contrôle aux frontières, un criminel n’hésitera pas à utiliser tous les moyens à sa disposition, voire corrompre des agents de sécurité, pour franchir la frontière afin de réaliser des méfaits. Les groupes terroristes sont le fruit des inégalités sociales, des divisions suscitées par des idéologies politiques ou religieuses sectaires et de la discrimination auxquelles font face des groupes marginalisés dans notre espace et qui pour se faire entendre ont recours à la force. Pour vaincre cette menace terroriste, qui nous endeuille aussi bien au niveau régional qu’à l’international, il est important aux yeux de la société civile, que votre présidence soit marquée par une exhortation de vos pairs à valoriser la justice sociale dans leur pays, favoriser la culture de la tolérance, du vivre ensemble, par l’éducation et encourager la coopération entre les services de renseignements en vue d’une meilleure protection des citoyens de la communauté contre la criminalité transnationale.
Excellence Monsieur le Président,
La route de l’intégration régionale passe par le développement des routes, des voies ferrées et des moyens de communication dans notre espace. Lors de la consultation régionale que nous venons de mener, diverses organisations de la société civile ont eu à exprimer leur satisfaction de voir le projet d’autoroute de Dakar à Lagos se réaliser comme vous en avez discuté lors du sommet de Monrovia. Cependant, la société civile ouest africaine regrette qu’après tant d’années d’indépendance, et malgré nos ressources humaines compétentes, la construction de nos autoroutes, nos ponts et nos voies ferrées soient confiées à des sociétés européennes ou asiatiques. En outre, nous regrettons que cette volonté assurée de se doter de ses moyens d’intégration soit conditionnée aux prêts des institutions financières internationales et de banques étrangères qui alourdissent le poids de notre dette publique. Pour les citoyen-ne-s de la sous région, il reste toujours difficile de comprendre qu’il soit plus facile et, voire, moins couteux d’effectuer un appel téléphonique vers l’Europe que de lancer un appel du Togo vers le Ghana ou le Nigéria. Pour la société civile ouest africaine, au regard des avancées dans la zone de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) pour la fin du « Roaming » téléphonique, un effort de la part des Etats de la CEDEAO est fortement attendu pour faciliter la communication entre les populations ouest africaine et leur connectivité.
Excellence Monsieur le Président,
Nombreux sont les citoyen-ne-s qui ont cru à la CEDEAO des peuples et se sont établis dans un autre pays de la CEDEAO autre que leur pays d’origine. Malgré le protocole sur le droit d’établissement, ces citoyen-ne-s communautaires se retrouvent contraints, dans certains pays de la CEDEAO, au paiement de sommes colossales pour se voir délivrer une carte de résidence. Dans certains Etats de la CEDEAO ces frais varient entre 100 et 250 dollars (environ 60 000 F Cfa et 150 000 F Cfa) par personne. Des cordonniers, des vendeurs ambulants, des chauffeurs, des cuisiniers, malgré la précarité de leurs activités, se voient obligés de s’endetter pour se procurer une carte de résident ainsi que pour les membres de leur famille, au risque de se voir pourchassés et enfermés par les agents de police.
Dans le secteur de l’enseignement, les difficultés d’équivalence entre les diplômes dans la sous région handicapent sérieusement la marche vers l’intégration. Pour les étudiants de la communauté vivant dans un autre Etat de la CEDEAO qui parviennent à valider leur équivalence, s’ajoute la question des frais de scolarité. Ces frais sont souvent le triple des frais demandés aux étudiants nationaux. Ces situations préoccupantes nécessitent, selon la société civile ouest africaine, une attention particulière lors de votre mandat.
Excellence Monsieur le Président,
Le secteur privé et en particulier nos Petites et Moyennes Entreprises (PME) pâtissent durement des nombreuses barrières tarifaires et non tarifaires imposées à la circulation des biens produits entre les pays de la CEDEAO. Paradoxalement, il est plus facile à une PME togolaise d’exporter sa production vers la France ou les Etats Unis que vers le Nigéria ou le Ghana; ceci en contradiction avec les accords sous régionaux qui en principe exemptent les productions sous régionales de taxes pour faciliter notre intégration économique. L’intérêt que vous porterez également à cette question lors de votre mandat permettra sûrement d’assurer la création d’emplois au sein de la région pour de nombreux jeunes en encourageant l’accès de nos productions locales au vaste marché sous régional que représente l’Afrique de l’Ouest. En ce sens, la signature des Accords de Partenariat Economique (APE) avec l’Union Européenne reste un sujet d’affliction au sein de la société civile ouest africaine, car, comme elle n’a jamais cessé de le rappeler, ces accords fragilisent sérieusement le développement d’un tissu économique viable au sein de nos régions. En outre, la nécessité d’aller vers une monnaie commune ouest africaine fait également partie des souhaits exprimés par la société civile ouest africaine à votre endroit.
Excellence Monsieur le Président,
La société civile ouest africaine est convaincue que la voie de l’intégration régionale est la seule à même de garantir un espace fort, capable de répondre aux enjeux actuels de la mondialisation. Face aux Accords de Partenariats Economique signés avec l’Union Européenne, à l’externalisation avancée des frontières européennes vers divers pays du Sahel, et au développement des bases militaires étrangères dans nos pays souverains d’Afrique de l’Ouest, la société civile ouest africaine constate que notre espace est plus que jamais confronté à des défis extérieurs qui mettent en péril son intégration. La société civile ouest africaine continuera de suivre avec attention le développement du dialogue entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union Européenne qui apparait de plus en plus servir le dessein de l’Union Européenne au détriment des intérêts africains.
En ce sens, nous espérons que les citoyens ouest africains pourront avoir le droit de s’exprimer sur les décisions importantes prises au niveau de la CEDEAO qui affectent leur devenir. Une CEDEAO des peuples ne peut faire l’économie de la consultation des peuples par voie électorale pour qu’elle se prononce sur les orientations dessinées par les Chefs d’Etat. A l’heure de la réforme des institutions de la CEDEAO, il apparaît important aux yeux de la société civile, au nom de la gouvernance démocratique, que les citoyens de notre espace puissent exercer un contrôle des actions menées au niveau de la commission de la CEDEAO. Il est un vœu de la société civile de voir ces chantiers s’ouvrir lors de votre mandat.
Excellence Monsieur le Président,
La société civile ouest africaine reste convaincue que la CEDEAO n’est qu’un pas vers l’intégration africaine. L’adhésion prochaine du Maroc, l’octroi du statut d’observateur à la Tunisie et les accords avec la Mauritanie suscitent cependant beaucoup de questionnements au sein des peuples ouest africains. Une communication de la part des institutions de la CEDEAO à l’endroit des citoyen-ne-s de la communauté sur l’extension de la CEDEAO aux pays d’Afrique du Nord est fortement attendue au niveau de la société civile. De la transparence affichée dans ces processus dépend également le renforcement de l’adhésion des populations ouest africaines à notre dessein communautaire. Pour les acteurs de la société civile, la CEDEAO des peuples doit, plus que jamais, dépasser l’étape du slogan pour devenir une réalité.
Tout en vous réitérant nos sincères félicitations pour votre nomination à la tête de la CEDEAO, et en espérant que, tout au long de votre mandat, les voix de la société civile ouest africaine seront audibles au niveau des institutions de la CEDEAO, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président, l’expression de nos salutations distinguées.
Pour l’Observatoire Ouest Africain des Migrations
Le Secrétaire Permanent
Samir ABI
Avant les réunions statutaires de la Communauté Economique Des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à compter du jeudi 25 mai, qui seront terminées par le 51ème sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, le dimanche 4 juin 2017, le Secrétaire Permanent de l’Observatoire Ouest Africain des Migrations a tenu une réunion à Monrovia avec l’Union des ressortissants des pays de la CEDEAO résidents au Liberia et des organisations de la société civile libérienne dont l’ECOWAS Civil Society Movement of Liberia et l’ECOWAS Women in Liberia. Cette réunion avait pour objectif de faire le point sur la présidence libérienne de la CEDEAO qui est à sa fin. Au cours de la réunion, de nombreuses questions liées à la migration ont été soulevées par les OSC. Il apparait clairement qu’aussi bien au Libéria que dans tous les pays de la CEDEAO, les migrants communautaires ont des problèmes réguliers pour obtenir ou renouveler leur carte de résident ou leur permis de travail. En plus de cela, la libre circulation des citoyens de la CEDEAO n’est toujours pas une réalité en raison des harcèlements aux frontières pour le contrôle des passeports et des carnets de vaccination. Les migrants, les commerçants transfrontaliers et, particulièrement, les femmes paient le prix élevé de la situation qu’ils rencontrent lorsqu’ils traversent les frontières pour leurs activités.
Bien que nous rendons hommage au leadership de Son Excellence Ellen Jonhson Sirleaf lors de sa présidence de la CEDEAO, nous marquons notre déception face au peu de changements au niveau des politiques migratoires régionales. La situation des migrants ouest africains ne cesse d’ailleurs de s’empirer. Des milliers de jeunes de la CEDEAO sont morts dans le désert, dans les prisons libyennes et dans la mer Méditerranée en allant à la recherche d’un mieux vivre à l’extérieur pour leur personne et leur famille. Des milliers de jeunes continuent à être victimes de trafic par le biais d’organisations criminelles. Des femmes et des enfants ouest africains se retrouvent en situation de traite dans la sous région, sur le continent, en Asie, en Amérique et en Europe en exerçant des travaux domestiques ou en se faisant exploiter sexuellement. Il est encore difficile pour les citoyens d’Afrique de l’Ouest de se déplacer librement vers d’autres régions d’Afrique. Et en raison du plan d’action de La Valette conclu avec l’Union Européenne et de la nouvelle politique migratoire aux Etats Unis d’Amérique (en particulier les changements au niveau du Temporarily Protected Status qui affectera de manière conséquente les communautés de la CEDEAO aux États-Unis originaires du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée), nos frères et sœurs sont de plus en plus déportés vers nos États sans respect de leurs droits humains et sans soutien à leur réinsertion locale. La majorité des chefs d’États ouest africains restent silencieux sur tous ces problèmes liés à la migration.
Dans ce contexte, l’Observatoire Ouest Africains des Migrations, l’ECOWAS Civil Society Movement of Liberia, l’ECOWAS Women in Liberia et l’Union des ressortissants de la CEDEAO au Libéria, au cours de leur réunion, ont formulé les recommandations suivantes à l’endroit des chefs d’États de la CEDEAO. Nous appellons :
1- Le gouvernement du Libéria à s’attaquer à la question des 250 dollars US de frais que doivent payer les citoyens de la CEDEAO pour l’obtention de leur carte de résident au Liberia et des100 dollars US pour l’obtention d’un permis de travail.
2- Les chefs d’États de la CEDEAO à prendre des mesures concrètes contre les harcèlements et la corruption aux frontières de leurs pays pour faciliter la libre circulation des citoyens de la communauté.
3- Les chefs d’États de la CEDEAO à prendre plus d’initiatives au niveau de l’Union Africaine pour assurer l’adoption rapide et la mise en œuvre d’un protocole de libre circulation en Afrique.
4- La CEDEAO à réexaminer sa coopération avec l’Union Européenne, les États-Unis d’Amérique et tous les pays qui ne cessent de déporter nos citoyens de la diaspora afin d’assurer la protection de leurs droits et de soutenir leur réinsertion locale.
5- Les Etats de la CEDEAO à avoir un dialogue sincère avec leurs partenaires de l’Union Européenne et des Etats Unis d’Amérique pour créer des canaux légaux pour les jeunes africains dans leur mobilité en modifiant leurs politiques migratoires.
6- Les présidents ouest africains à négocier des accords de développement et de commerce équitable avec leurs partenaires internationaux pour assurer des créations d’emplois viables pour les jeunes et une croissance économique durable dans notre région pour combattre les causes profondes de la migration forcée.
7- Les dirigeants ouest-africains à réévaluer leur gouvernance économique pour lutter contre la corruption afin de minimiser la pauvreté et la vulnérabilité de nos populations.
8 Les chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO à veiller à l’octroi de la double citoyenneté à tous les citoyens de la CEDEAO de la diaspora.
9- Nous appelons à agir contre les contrebandiers et les trafiquants, en particulier dans les cas où les migrants d’Afrique de l’Ouest sont vendus comme esclaves dans des marchés ouverts en Libye.
Nous notons le récent accord avec la Mauritanie et la manifestation d’intérêt du Royaume du Maroc de rejoindre la CEDEAO. Nous espérons que cela aboutira à une réelle intégration au bénéfice des peuples de la sous région et non à la volonté de satisfaire la soif de marché des entreprises.
Fait à Monrovia le 24 mai 2017
L’Observatoire Ouest Africain des Migrations,
L’ECOWAS Civil Society Movement of Liberia,
L’ECOWAS Women in Liberia,
L’Union des ressortissants de la CEDEAO au Libéria.
Alors que des hauts fonctionnaires africains et européens se réunissent à Malte les 8/9 février 2017 à mi-parcours du processus de la Valette, l’Union européenne (UE) fait un pas de plus pour restreindre la mobilité des personnes migrantes et imposer sa loi aux pays d’où viennent la majorité d’entre elles, sous la forme du « laissez-passer européen », adopté en toute discrétion en octobre 2016.
Le plan d’action lancé à La Valette en novembre 2015 par l’UE, ses Etats membres et 35 Etats africains vise à « lutter contre l’immigration irrégulière, le trafic d’êtres humains et les causes profondes de la migration forcée ». Actuellement en cours d’évaluation, il s’appuie sur la « coopération extérieure » pour obtenir la signature, par des Etats « tiers », d’accords de réadmission destinés à expulser plus facilement les personnes migrantes.
Avec le laissez-passer européen (LPE), l’UE marque une étape supplémentaire de la stratégie d’externalisation de sa politique migratoire depuis vingt ans. Ce document de voyage, délivré par les Etats membres de l’UE – et eux seuls -, permet d’expulser une personne sans qu’elle n’ait été identifiée par le pays « tiers » dont elle est supposée être originaire, et donc sans laissez-passer consulaire, au mépris de ses droits et du principe d’égalité entre Etats souverains (garanti par la Convention de Vienne).
En dépit de l’opposition exprimée dès novembre 2015 par les responsables africains présents au Sommet de La Valette et réitérée début 2017 par la société civile et le gouvernement maliens, le LPE – malgré ses défauts majeurs de forme et de fond – est bel et bien déjà utilisé.
Au-delà des effets négatifs immédiats d’une mesure d’éloignement sur les personnes, le flou total qui caractérise la mise en œuvre du LPE laisse craindre un nombre important de violation des droits, en atteste le nombre de questions sans réponse que posent l’utilisation de ce document (voir liste ci-jointe).
A l’heure où la machine à expulser gagne en puissance (coopération avec la Turquie, l’Afghanistan, la Libye, nouvelles prérogatives octroyées à Frontex), les droits fondamentaux ne sont même pas évoqués dans le texte paru au Journal Officiel de l’UE sur le LPE.
Les organisations signataires du présent communiqué réclament que les Etats membres de l’UE suspendent immédiatement l’utilisation du LPE et que les autorités européennes fournissent et publient sans délai les informations complémentaires et indispensables concernant sa mise en œuvre (voir liste des informations ci-jointe).
La mobilité est un droit, et non un outil de chantage diplomatique.
Organisations signataires
Association Européenne pour la Défense des Droits Humains (AEDH), EuroMed Rights, FORIM, Loujna-Tounkaranké, Medico International, Migreurop, Observatoire Ouest Africain des Migrations
Les luttes menées pendant ces 20 années ont permis au Mali de résister aux pressions exercées par l’Union Européenne pour la signature des accords de réadmission. Avec la contribution de l’A.M.E, des réseaux et mouvements de la société civile ont vu le jour en Afrique afin de défendre le droit à la libre circulation des personnes contraintes à de multiples restrictions dans leur mobilité. En même temps des milliers de personnes sont obligées de se déplacer à cause de la mal gouvernance, de l’accaparement des terres et d’autres privations.
Cet anniversaire se tient à un moment où plus que jamais le droit à la mobilité des citoyens africains est menacé. Un an après le sommet de la Valette et dans un contexte de conflits multiples et de crises de solidarité dans la répartition des richesses produites sur notre planète, l’Union Européenne impose aux gouvernements africains sa vision sécuritaire de la migration. Par du chantage et des promesses fallacieuses d’aide au développement, l’Union Européenne oblige les pays du Sahel et de la Corne de l’Afrique à renforcer la répression contre les demandeurs d’asile ou les personnes en situation de mobilité. Non satisfaite de continuer sa politique migratoire mortifère à l’origine du drame qui continue dans le Sahara et dans la mer Méditerranée, l’Union Européenne étend sa frontière au pourtour du Sahara avec comme conséquence la désintégration des espaces régionaux. En outre, la multiplication des bases militaires occidentales dans les pays du Sahel sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, vient remettre en cause la souveraineté durement acquise par nos pays il y a un demi-siècle.
Après les accords de partenariats économiques, la migration et la lutte contre le terrorisme apparaissent comme les nouveaux champs par lesquels l’Union Européenne veut briser la longue marche des pays africains vers l’intégration régionale. En contraignant le Mali, le Sénégal, le Niger, le Nigéria et l’Ethiopie à des négociations séparées pour la réadmission de leurs migrants en instance d’expulsion, l’Union Européenne démontre sa non considération des espaces régionaux d’intégration et son non-respect des droits humains fondamentaux à la mobilité.
A la veille de l’arrivée d’une délégation européenne à Bamako le 10 novembre 2016 pour la poursuite des négociations sur la réadmission des migrants dits irréguliers vers le Mali par l’émission de laissez-passer européens, la rencontre de Bamako lance un appel à mobilisation pour contrer les manœuvres en cours. Cet appel à l’endroit des peuples d’Afrique et d’Europe vise à démontrer à la face du monde l’hostilité des populations maliennes, africaines et européennes aux politiques migratoires dictées à tout un continent sans consultation démocratique avec leurs citoyens.
En 20 ans d’existence l’A.M.E a su démontrer que seule la lutte pourra garantir le droit à la libre circulation de tout un continent. Cette lutte pour qu’elle soit efficace, doit être menée par toutes les organisations qui se mobilisent pour la dignité humaine. Cet anniversaire offre donc l’occasion de rendre un vibrant hommage aux animateurs de ces luttes qui ont jalonné l’histoire.
Les participants exigent :
- L’arrêt des accords de réadmission, de l’utilisation des Laisser Passez européens et de l’externalisation des contrôles aux frontières ;
- Spécifiquement des gouvernements africains la transparence dans la gestion des affaires publiques et la fin des accaparements des terres ;
- Des Etats de l’Union Africaine et de l’Union Européenne la liberté de circulation pour tous.
Fait à Bamako le 06 novembre 2016
Les organisations présentes encouragent la tenue d’une telle rencontre, qui participe au renforcement de la solidarité par la mise en commun des idées et des moyens, en vue du bien-être des populations Africaines.
Cependant les OSC relèvent que, si la mondialisation et les évolutions technologiques permettent à l’heure actuelle la circulation de plus en plus rapide des marchandises et des flux financiers entre les quatre coins du globe, il est toujours regrettable de constater que l’Afrique occupe une place déficitaire dans la balance des échanges internationaux. Il n’est un secret pour personne que les ressources africaines en mer ne profitent pas toujours aux peuples africains. Elles sont exploitées par des entreprises transnationales sans contre partie conséquente pour les populations. Les ressources en poissons ont baissé drastiquement face à la pêche anarchique menée sur nos côtes par les bateaux asiatiques, européens et américains. La flore et la faune marine autour du continent, autrefois admirés, par les touristiques occidentaux est de plus en plus décimée par le versement en mer des déchets créés par l’exploitation minière. Une telle situation a généré une pauvreté grandissante dans les communautés habitant sur les côtes et vivant autrefois de pêche. Ces populations n’ont d’autres choix que de se livrer aux trafics de tout genre et en bout de courses au départ très souvent périlleux vers l’occident pour un espoir de survie. Loin de réfléchir aux causes du développement de la piraterie maritime aux larges de nos côtes, à la recrudescence des trafics humains, de drogues, d’armes et au départ massif vers d’autres continents par voie marine, les dirigeants africains ont tendance à faciliter les choses aux firmes internationales et aux pays qui pillent nos ressources.
Les OSC réunies à Lomé tiennent à rappeler aux dirigeants Africains, que la lutte pour la protection de l’espace marin comme terrestre, certes indispensable a la stabilité de l’Afrique, doit se faire dans le respect des droits fondamentaux, en particulier le droit a la mobilité des personnes principal facteur de l’intégration Africaine.
Une fois encore la société civile africaine, porte voix de toutes les populations du continent, dénonce cette situation de fait et rappelle qu’aucun développement n’est possible en Afrique sans la prise en compte des besoins profonds des populations. Les populations africaines ont besoin de vivre des ressources de leurs mers et de leurs sols et ne veulent plus les voir exploiter par d’autres. Les populations africaines désirent produire et se nourrir des ressources du continent et non exporter leurs matières premières à des prix fixés par l’occident et acheter en retour des produits fort coûteux pour leur poche. Les populations africaines ont enfin envie, de pouvoir aller où ils veulent quand elles le veulent, sans que des obstacles comme des politiques migratoires sécuritaires ne soient mis sur leur route.
En ce sens la société civile africaine lance un appel aux Chefs d’Etat africains réunis à Lomé, d’écouter la voix de leurs peuples pour faire de la charte sur la sécurité maritime, une charte garantissant non seulement la protection des personnes, mais surtout l’intégration et la souveraineté de l’Afrique.
Fait à Lomé le 14 octobre 2016
Face à la situation des migrants vivant en Mauritanie et dans d’autres pays africains, les organisations de la société civile et acteurs du monde universitaire ont rappelé la nécessité d’un recours à la solidarité africaine et aux instruments juridiques ratifiés par les pays pour une réelle protection des travailleurs migrants. En outre les problèmes rencontrés par les mauritaniens en matière de circulation dans la région ouest africaine depuis le retrait de la Mauritanie de la CEDEAO ont également occupé une bonne partie des débats lors de ce séminaire.
Eu égard à la richesse des échanges et à la nécessité d’œuvrer à une libre circulation effective des citoyens, citoyennes, travailleurs et travailleuses migrants à l’échelle africaine, les participants ont retenu ce qui suit:
1- Œuvrer activement par le dialogue et le plaidoyer auprès des acteurs étatiques pour un retour effectif de la République Islamique de la Mauritanie dans l’organisation sous régionale qu’est la CEDEAO. En même temps, la réunion de Nouakchott salue l’initiative du Royaume du Maroc de reprendre sa place au sein de l’Union Africaine.
2- Dans la même lancée, les participants saluent les initiatives d’instituer une carte d’identité biométrique de la CEDEAO et un passeport africain et demandent de diligenter les procédures de production et de vulgarisation de ses documents de voyage afin qu’ils accélèrent le processus de libre circulation des personnes.
3- Renforcer le travail en synergie entre les acteurs de la société civile et le monde universitaire pour l’émergence d’une approche africaine de la libre circulation.
4- Veiller aux respects des conventions et protocoles internationaux garantissant la libre circulation dans l’espace africain.
5- Collaborer avec les élus locaux pour l’élaboration de cadres juridiques nationaux autour de la mobilité, de l’intégration et du vivre ensemble entre migrants et résidents.
6- Créer une meilleure dynamique d’action entre acteurs de la société civile et réseaux africains pour garantir une présence effective de la voix des citoyens africains dans les négociations et les conférences internationales sur la migration qui impactent sur la mobilité africaine et le développement, la paix et la sécurité.
Fait à Nouakchott le 27 septembre 2016
Nous, réseaux et organisations de la société civile travaillant sur la migration en Afrique de l’Ouest tenons à saluer la commission de la CEDEAO et ses partenaires (UE, Suisse, OIM, ICMPD, ILO,…) pour la tenue de cette nouvelle édition du Dialogue sur la Migration en Afrique de l’Ouest (MIDWA). L’existence d’un tel processus en Afrique de l’Ouest fait la fierté des citoyens de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui depuis 1975 n’ont cessé d’accompagner les actions de leurs Chefs d’Etat en faveur de l’intégration sous régionale. Le MIDWA est un espace qui nous semble important à maintenir et à développer dans l’avenir pour y faciliter un véritable dialogue direct autour de la migration entre les citoyens de la CEDEAO et leurs autorités politiques et administratives dans le sens de la CEDEAO des peuples voulue par nos dirigeants à l’horizon 2020.
Le présent MIDWA qui entend se pencher sur les questions de liberté de circulation dans l’espace ouest africain et du changement climatique ne pouvait laisser nos réseaux et organisations indifférents. En effet, chaque jour sur le terrain, nos réseaux et organisations sont les témoins des multiples rackets et extorsions de fonds dont sont victimes nos mères et sœurs commerçantes transfrontalières et tout citoyen désirant circuler librement dans l’espace communautaire. Malgré les multiples réunions, formations et campagnes de vulgarisation des protocoles régissant la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO, les habitudes de corruption aux frontières semblent difficiles à faire disparaitre. Face à cette situation il nous apparait nécessaire d’interpeller les autorités politiques dans chaque pays de la CEDEAO et en particulier ceux en charge de la sécurité et de l’immigration sur leur responsabilité première dans cet état de fait.
En outre, la persistance de la corruption aux frontières pour cause de contrôle des documents de voyage et carnets de vaccination doivent conduire à un exercice de refonte des protocoles sur la libre circulation dans l’espace CEDEAO. A l’exemple de l’espace Schengen en Europe, la CEDEAO se doit d’être un espace d’une réelle libre circulation où les populations pourront circuler en toute liberté sans présentation d’un document de voyage. Le souci sécuritaire et de contrôle de la migration professionnelle qui a présidé à l’exigence des cartes d’identité et passeports dans le protocole de 1979 semble se heurter à la réalité de nos pays avec leurs frontières poreuses et les liens familiaux qui unissent les populations de part et d’autre de chaque frontière africaine.
Les récentes attaques terroristes dans divers pays de la région prouvent le caractère inefficace de ces mesures. Ces attaques terroristes, que nous condamnons, nous ont toutefois permis de constater que la sécurité des citoyens de la région dépend plus de la lutte contre les inégalités sociales et le renforcement de la coopération entre les services de renseignement dans la sous région plutôt que le renforcement des contrôles aux frontières. En ce sens et dans l’esprit qui a animé la création de la CEDEAO, nous appelons à une refonte du protocole de 1979 pour permettre une réelle liberté de circulation dans l’espace.
L’impact social et économique que pourrait avoir la libre circulation dans l’espace CEDEAO est malheureusement miné par l’absence d’une réelle politique d’intégration culturelle et sociale entre les peuples et de lutte contre la discrimination des citoyens communautaires résidents dans d’autres Etats de la CEDEAO. Cette discrimination crée un sentiment de xénophobie ambiant qui empêche les citoyens de la communauté d’exercer leur profession ou leurs activités économiques librement dans un pays de la CEDEAO autre que le leur. Face à cette situation il nous semble important qu’une priorité soit accordée à la lutte contre la xénophobie et aux campagnes pour une réelle intégration entre les peuples de la sous région. Il nous semble également important d’interpeller les Etats de la région pour une nécessaire évolution de leur cadre législatif concernant l’emploi des citoyens communautaires, la protection des droits des travailleurs migrants et la mobilité estudiantine au sein de la CEDEAO conformément aux conventions des Nations Unies sur les droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille et à celles de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
La transhumance est une des activités économiques dans la sous région faisant un lien certain entre la libre circulation des personnes, leurs biens et le développement dans nos pays. L’intensification des activités de transhumance, due aux changements climatiques, entraine malheureusement une crise sans précédent dans notre région. Des centaines de morts ont été enregistrés encore cette année lors de la campagne de transhumance dans les pays côtiers. La responsabilité de ces morts nous incombe tous car nos actions semblent ne pas assez prendre en considération les réalités de nos populations vivant de l’agriculture dans les zones rurales. L’adaptation aux changements climatiques dans la région devra, à nos yeux, passer par une réflexion approfondie sur le secteur de l’élevage traditionnel et le traité régional concernant la transhumance.
Le plan d’action de La Valette étant à l’ordre du jour de ce dialogue, il nous semble important de réitérer les attentes de la société civile exprimées dans leur déclaration en marge de la conférence de la CEDEAO à Accra du 9 au 11 février 2016 portant sur le suivi du sommet de La Valette. Les réseaux et organisations de la société civile travaillant en Afrique tiennent encore une fois à dénoncer le fait que la lutte contre la migration irrégulière soit devenue une conditionnalité de l’Aide Publique au Développement. Cette situation est contraire aux Objectifs de Développement Durable adoptés il y a à peine un an aux Nations Unies. Tout comme l’exige la Turquie dans son partenariat sur la migration avec l’Europe, nos organisations sont convaincues qu’un partenariat entre l’Europe et l’Afrique ne peut que passer par l’abolition des visas de court séjour demandés aux citoyens africains dans le cadre de leur mobilité vers l’Europe. Nos organisations réaffirment que les politiques européennes au niveau migratoire et au niveau économique par l’imposition des Accords dits de Partenariat Economique sont les premiers responsables du drame actuel dans les mers autour du continent et dans le Sahara.
Tout en saluant la tenue de ce rendez-vous annuel permettant un dialogue au sein de la CEDEAO sur la migration, nos réseaux et organisations regrettent l’exclusion au sein de ce processus de nombreux acteurs de la société civile dont l’expertise en matière de migration pourrait être utile à ce dialogue. En effet, le mode de désignation des experts des organisations de la société civile laissé au soin des Etats ne permet pas en fonction des pays une réelle représentation des composantes les plus actives et expérimentées sur la migration. Pour permettre une réelle prise en compte des voix des acteurs de terrain travaillant sur la migration en Afrique de l’Ouest, et en suivant l’exemple du Forum Mondial sur la Migration et le Développement (FMMD), les réseaux et organisations travaillant sur la migration dans la région s’engagent à organiser en prélude du prochain MIDWA, une journée de la société civile. Cette journée de la société civile dont l’organisation sera pilotée par des réseaux et organisations ouest africaines reconnus pour leur travail autour de la migration en collaboration avec la commission de la CEDEAO et ses partenaires, permettra une meilleure prise en compte des propositions d’un grand nombre d’acteurs de la société civile dans le dialogue sur la migration en Afrique de l’Ouest. La CEDEAO des peuples, que nous appelons de tous nos vœux, en sera ainsi renforcée.
Tout en réitérant leur attachement au processus du Dialogue sur la Migration en Afrique de l’Ouest et en saluant les partenaires qui l’accompagnent, nos réseaux et organisations de la société civile expriment le souhait de voir cette déclaration annexée aux conclusions du présent dialogue.
Réseaux et Organisations de la société civile signataires:
Visions Solidaires – TOGO
Association des Refoulés d’Afrique Centrale au Mali (ARACEM)- MALI
Alternative Espace Citoyen (AEC) – NIGER
Movimento Nacional da Sociedade Civil para a Paz, Democracia e Desenvolvimento(MNSCPDD) – GUINEE BISSAU
Réseau Afrique Jeunesse – Guinée (RAJGUI) – GUINEE
Union Fait la Force (UFF)- BENIN
Enfants Solidaires d’Afrique et du Monde (ESAM) – BENIN
Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) – MAURITANIE
Enda Prospectives Dialogues Politiques (Enda Diapol) – SENEGAL
Alert Migration – BURKINA FASO
Network of Ex Asylum Seekers (NEAS)- SIERRA LEONE
Migration Policy and Advocacy Network (MiPAN)- GHANA
Observatoire Ouest Africain des Migrations (OOAM)
Nous femmes, hommes, jeunes, étudiant-e-s paysan-ne-s, commerçant-e-s, chercheurs,
migrant-e-s, activistes sociaux, citoyen-ne-s de l’espace ouest africain, mobilisés du 13 au 16 juillet à Conakry, République de Guinée, adoptons la présente déclaration à l’occasion de la 5ème édition du Forum Social Ouest Africain qui a porté sur le thème central « Après plus de deux décennies de mondialisation : Quels défis de gouvernance dans un contexte de crises politiques, socioéconomiques et sécuritaires et quelles réponses du mouvement social africain? »,
Les participantes et participants, venus (e ) du Mali, de la Gambie, de la Guinée Bissau, du Togo, du Sénégal, du Nigeria, du Niger, de la Cote d’Ivoire et des différents régions de la Guinée, se réjouissent de la relance des dynamiques des mouvements sociaux ouest africains et africains au sein du Forum social qui est en cours depuis bientôt un an.
La nécessité de relance et de réorganisation des dynamiques a été facilitée par la mobilisation des acteurs sociaux de la sous région lors de la rencontre de concertations et d’échanges tenue en septembre 2015 à Dakar au Sénégal, et dont le présent forum ouest africain est le couronnement.
Dans ce contexte géopolitique difficile, marqué par de nombreux défis qui se posent au continent, sous fond de crises multiformes, (sécuritaire, migratoire, énergétique, économique, climatique, environnementale, politique, alimentaire, les mouvements sociaux ouest africains ne pouvaient pas restés indifférents compte tenu des enjeux.
Face à la crise globale du système capitaliste et à la faillite du mode de gouvernance néolibéral dicté par les multinationales et les puissances de l’Occident, qui cherchent à reconquérir notre continent, les résistances s’organisent un peu partout dans le monde pour l’avènement d’alternatives durables, respectueuses des droits humains, de l’ équité, de la justice sociale et de l’égalité des chances. L’Afrique est devenue le continent le plus convoité par les puissances économiques et financières qui comptent assurer leurs profits aujourd’hui et dans le futur par l’accaparement des ressources du continent.
Par des accords commerciaux inéquitables comme ceux des APE (Accords de Partenariat Economique), que l’Union européenne veut imposer aux pays de l’Afrique-Caraïbes-Pacifique), et l’imposition à la tête des pays de dirigeants à la solde du système financier et politique international, le néolibéralisme continue à étendre ses tentacules sur le continent africain au détriment de ses populations.
Cette nouvelle percée néolibérale est rendue possible par les conflits armés et les violences terroristes orchestrées sur le continent par les puissances qui profitent ainsi de l’instabilité des pays pour maximiser leurs profits et leur main mise sur nos ressources naturelles. Les populations africaines privées de leurs droits au travail, à l’alimentation, au logement, à la libre circulation, au libre choix de leurs dirigeants ; et au vu des guerres et catastrophes climatiques qui se multiplient sur le continent, les jeunes africains n’ont d’autres options que de prendre la route de l’exil au risque de mourir dans les déserts ou les mers. Les pertes sont énormes avec les naufrages répétitifs des bateaux de migrants
La prise de conscience de cette situation ne pouvait conduire qu’à une remobilisation des forces progressistes et des mouvements sociaux sur le continent.
Regrettant la situation de léthargie que connait le Conseil du forum social africain, les différentes organisations sociales et les mouvements sociaux sur le continent ont pris l’engagement de participer à la relance des dynamiques sociales afin que le forum social africain reprenne sa place au sein du Conseil international, ce qui ne fera que renforcer l’espace du forum social mondial.
Ainsi, le mouvement social guinéen, fier de son rôle historique comme pionnier dans les mouvements d’émancipation sur le continent, a bien voulu accueillir ses confrères de la sous région pour réfléchir sur ces défis actuels qui secouent le continent.
Le succès du forum de Conakry est la preuve que le mouvement social africain peut compter sur les fils et filles du continent afin que la lutte historique entamée depuis plusieurs décennies pour la libération totale de l’Afrique du joug du système international dominant soit une réalité.
Les travaux de la 5ème Edition du Forum Social Ouest Africain ont formulés un certain nombre des recommandations dont :
– La nécessité pour les différentes plates d’OSC de l’Afrique de l’Ouest de construire une synergie d’action et de coopération autour des grands sujets émergents du contexte géopolitique mondial parmi lesquels on peut citer : la migration, le terrorisme, la gestion des ressources naturelles et l’accaparement des terres ;
– Le renforcement de la solidarité entre organisations sociales et citoyennes de la sous-région face à l’instabilité politique et sociale résultant de l’absence de dialogue entre acteurs politiques et les révisions constitutionnelles;
– La création et la promotion de cadre d’échange permanent entre les organisations de la société, le Gouvernement et partenaires au développement.
Le renforcement du soutien institutionnel, matériel et financier des Gouvernements à la dynamique du foras sociaux au niveau national, sous régional et régional, ceci du fait que le forum social constitue le plus large espace ouvert de dialogue et de propositions d’alternatives crédibles et durables entre acteurs sociaux d’une part et d’autre part entre acteurs de la vie économique, politique et ces derniers ;
– La dynamisation des foras sociaux au niveau national et régional pour laquelle, la rencontre de Conakry constitue un point de départ ;
– La nécessité pour les organisations de la société civile guinéenne de créer et de renforcer des cadres de concertation et d’actions collaboratives de manière structurée et thématique, en vue de plus d’efficacité dans leur engagement pour la promotion des droits humains et la justice sociale ;
– Le réexamen de manière inclusive, des fondements, principes et valeurs propres à la société civile qui doivent être vulgarisés à tous les niveaux ;
Au terme du forum de Conakry, qui a été un franc succès par la forte mobilisation des acteurs et son contenu thématique, malgré les délais et les conditions dans lesquels cette 5eme édition a été organisée, les différentes délégations ont remercié tout le peuple guinéen, le Comité d’organisation porté par le CNOSCG, CECIDE, BALAI CITOYEN, LA GURG ET LES PLATES FORMES DES FEMMES et OSC, avec l’appui du gouvernement guinéen, et tous les partenaires qui ont contribué à l’organisation de cette rencontre africaine : OSIWA, UNION EUROPEENNE, ECES, PNUD, UNICEF, PARTENERS OUEST AFRICA et le NED, ACTION AID SENEGAL.
A quelques semaines du Forum Social Mondial prévu à Montréal du 9 au 14 août 2016, le mouvement social ouest africain, au nom de tout le mouvement social africain, chantre des résistances actuelles sur le continent martyr qu’est l’Afrique, se voit cependant exclu de la dynamique de la résistance globale au néolibéralisme. Car, les difficultés d’accès au visa canadien, la cherté des billets d’avion sur Montréal et le manque de communication avec les mouvements sociaux africains ont rendu incertaine la participation des mouvements sociaux du Sud au Forum Social Mondial 2016.
Il s’y ajoute que l’élan de solidarité attendu du Comité d’organisation au Canada, et du Conseil international comme cela a été souvent le cas à travers les fonds de solidarité dans le cadre des précédents foras sociaux mondiaux pour faciliter une participation massive des mouvements sociaux du Sud est cependant resté sans suite.
La rencontre de Conakry a permis aux mouvements sociaux africains de se pencher sur cette situation et de regretter que la tenue des éditions du forum dans les pays du Nord défavorise la participation des organisations des pays du Sud. A cet effet, la rencontre de Conakry réaffirme la volonté africaine d’organiser la prochaine édition du FSA à Abidjan, en novembre 2016, afin que cette édition soit l’occasion de restituer les travaux du forum de Montréal par les quelques délégués qui y prendront part et d’avancer sur la relance des dynamiques africaines autour du forum .
En conclusion, les participants au forum de Conakry, au nom et au compte de l’ensemble du mouvement social africain dénonce la tenue du Forum Social Mondial dans un espace qui ne permet pas une participation effective des militants et acteurs du Sud en général et de l’Afrique en particulier.
Ainsi, il en appelle à un retour du Forum Social Mondial au Sud pour faciliter la mobilisation des plus grands victimes de la mondialisation néolibérale que sont les peuples martyrs du Sud et de l’Afrique, qui subissent de plein fouet les politiques néolibérales.
Au chapitre de l’agenda africain, le Forum de Conakry, a retenu que les deux prochaines éditions du FSOA auront lieu successivement à Lomé, au Togo, en 2017 et à Niamey au Niger, en 2018, et s’engage à présenter une candidature africaine pour abriter la prochaine édition du forum social mondial de 2018, en déclarant la candidature du Sénégal.
Vive le Forum social ouest africain
Vive le forum social africain
Tout pour que reste vivant et solidaire le forum social mondial
Fait à Conakry le 16 juillet 2016
La mort du migrant de nationalité malienne Mody Boubou Coulibaly ce lundi 9 mai 2016 à l’Hôpital National de Nouakchott a profondément ému tous les acteurs de la société civile africaine. Le jeune Mody pourchassé par un gendarme mauritanien n’a eu d’autre choix que de sauter du troisième étage du bâtiment en chantier où il travaillait pour tomber sur un piquet de ferraille qui lui transperce mortellement les hanches. Reçu à l’Hôpital National de Nouakchott, le jeune migrant mourra quelques heures après. Le seul crime qui lui était reproché était de travailler en Mauritanie sur des chantiers de construction comme maçon sans pouvoir réunir les 30000 ouguiyas (85 euros) nécessaire pour se faire établir une carte de séjour.
Depuis l’instauration en 2012 de la carte de séjour en Mauritanie, les étrangers et particulièrement les ressortissants de la CEDEAO vivant en Mauritanie ne cessent d’être victimes d’une chasse aux migrants soigneusement organisée par les forces de l’ordre qui tirent partie de la vulnérabilité de ces derniers. Les migrants se retrouvent traqués comme des criminels par des voitures de police, appréhendés dans leur maison et humiliés devant leurs enfants ou encore arrêtés sur leur lieu de travail parce que sans papier. Il est encore plus choquant de remarquer que se sont majoritairement les migrants originaires du Sénégal et du Mali qui sont les plus victimes de ces exactions alors que ces peuples partagent en commun avec la Mauritanie une même histoire depuis l’empire du Ghana voici plus d’un millénaire. Cette chasse aux migrants coûte ainsi la vie à ce jeune homme qui a eu le courage pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille d’aller trouver du travail dans un pays limitrophe du sien. Voilà une mère dans un village malien qui vient de perdre son fils de vingt ans au loin et qui ne recevra plus de transfert d’argent pour sa survie par la faute d’une politique répressive des migrants et d’une politique qui n’offre pas d’alternatif à ses citoyens que le choix d’aller chercher ailleurs sans accompagnement ni encadrement.
La société civile africaine condamne ces politiques de chasse aux migrants qui se développent un peu partout sur le continent africain avec l’appui des institutions européennes sous couvert de la lutte contre la migration « irrégulière » ainsi que le non respect du droit à une vie digne des citoyens africains et la mise en œuvre d’une gouvernance de circulation libre dont l’Afrique peut en tirer profit. . La situation actuelle en Libye en est la triste illustration avec la brigade anti-immigration lourdement armée, grâce à l’appui de l’Union Européenne, qui traque de jour comme de nuit des travailleurs migrants subsahariens, les entassent dans des centres de rétention au lieu de combattre efficacement les trafiquants et les passeurs libyens. De l’Afrique de Sud au Maghreb en passant par l’Angola, la Guinée Equatoriale, Gabon, l’Ethiopie ou le Soudan, la chasse aux migrants est devenue une politique instituée par les chefs d’Etats africains qui pourtant proclament dans tous les sommets des discours sur l’intégration africaine.
L’appât de l’aide financière européenne de lutte contre la migration transforme les autorités politiques africaines en de véritables persécutrices de leurs frères et sœurs à la recherche juste d’un travail pour vivre et pouvoir nourrir leur famille. Cela pourrait rappeler le temps de l’esclavage abolit il y a à peine deux siècles. L’Union Européenne, au détriment de ses valeurs humanistes, et sans honte aucune, externalise ainsi dans les pays africains sa politique migratoire sécuritaire. La société civile africaine en appelle à la commission de l’Union Africaine, à la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à tous les chefs d’Etat africains d’écouter la voix de leur peuple et de se lancer résolument dans un réel processus d’intégration régional. Seul une véritable intégration africaine pourrait empêcher l’Afrique d’être toujours l’instrument des politiques européennes et permettra d’éviter que des jeunes valeureux africains, espoir de l’Afrique de demain, ne se fassent tuer dans d’autres pays africains en cherchant leur gagne pain quotidien.
Fait le 13 mai 2016
Ont signé au nom de la société civile africaine :
Pour l’Observatoire Ouest Africain des Migrations (OOAM)
Personne de contact : Samir ABI, Secrétaire Permanent, email : samirvstg@gmail.com
Pour le Réseau Panafricain pour la Défense des Droits des Migrants
Personne de contact : Milka ISINTA, Coordinatrice, email : misinta@yahoo.com
Pour le Réseau Caritas – Migration et Développement (MADE) – Afrique
Personne de contact : Mignane DIOUF, Coordonnateur, email : caritas@orange.sn
Objet : Visite de Mr KOENDERS, Ministre des Affaires Etrangères de la Hollande,
Excellences Messieurs les Présidents,
La tournée de Mr Koenders, du 14 au 17 avril dans vos pays respectifs, nous donne l’occasion de venir très respectueusement vous présenter nos préoccupations au sujet du dialogue actuel entre l’Europe et l’Afrique autour de la migration. Cette visite qui survient à la suite du sommet Europe-Afrique de la Valette n’est pas anodine. En effet, la migration fait partie des priorités de la présidence hollandaise de l’Union Européenne et en ce sens le fait de cibler nos pays considérés à forte culture migratoire est un moyen de justifier aux yeux de l’opinion publique européenne les efforts fournis pour lutter contre la migration dite « illégale ».
Excellences Messieurs les Présidents, qu’il nous soit permis de vous rappeler que la Hollande fait partie de ces pays européens qui ont une ligne des plus sécuritaires en matière de politique migratoire. Ces pays vont jusqu’à conditionner leur aide publique au développement à l’acceptation par leur partenaire du Sud de certaines mesures de refoulement des migrants dits en situation irrégulière. Hors dans le cadre du pacte mondial pour le développement définit depuis les années 2000 par les Nations Unies, l’aide publique au développement ne saurait souffrir de telles conditionnalités. En ce sens l’appât que représente le fonds fiduciaire mis sur pied au sommet de la Valette pour pousser les pays africains, notamment du Sahel et de la corne de l’Afrique, à développer des politiques de gestion de la migration dictées par l’Union Européenne n’est qu’un trompe œil. En effet les 1,8 milliards d’euros du fonds fiduciaire ne sont que le reliquat du Fonds Européen au Développement (FED) promis à l’Afrique dans le cadre des accords de Cotonou qui viennent bientôt à expiration. Au regard de ce contexte nos pays se doivent de mener un dialogue serein et constructif au nom du partenariat voulu par l’Union Européenne avec l’Afrique.
Le sommet de la Valette, organisé à la va vite en pleine crise de l’Europe face à l’arrivée des migrants, n’a été une fois de plus qu’une occasion ratée pour trouver des solutions justes afin d’endiguer le drame humain dans les mers et océans entre l’Europe et l’Afrique. Loin de poser des mesures de long terme pour faciliter la mobilité des africains vers l’Europe, le sommet de la Valette a été un dialogue de sourd entre européens et africains. Les premiers voulaient plus de contrôle de la mobilité des africains. Ces derniers, qui savent qu’aucun contrôle ne peut empêcher leurs citoyens de franchir les frontières poreuses héritées de la colonisation pour aller où bon leur semble, n’ont cessé de réclamer plus de visas pour la mobilité de leur population. La vraie solution et la seule pour mettre fin à cette tragédie humaine demeure la libre circulation que refuse d’accepter l’Europe malgré la faillite de toutes ses politiques sécuritaires contre les migrants et de limite d’octroi de visas de séjour qu’elle a mise en œuvre ces dernières années.
Un autre élément repris dans le discours ambiant pour limiter la migration des africains est le développement et la création d’emploi qui pourrait retenir les jeunes en Afrique. Excellences Messieurs les Présidents, bien que la jeunesse africaine ait besoin d’emploi, il serait illusoire à l’ère de la mondialisation de cantonner les opportunités d’emploi de cette jeunesse uniquement en Afrique. Si des investisseurs américains, chinois et européens se ruent sur les richesses de nos pays, ils n’en seraient autrement de nos citoyens qui veulent également avoir la même chance dans d’autres pays. En outre le développement d’un pays n’est nullement synonyme de fin de la migration. Les pays occidentaux en sont bien la preuve car leur niveau de développement va de pair avec une grande mobilité et une expatriation régulière de leur population. Ainsi les solutions proposées par l’Union Européenne sont autant défaillantes que leur analyse des causes profondes de la migration dite irrégulière.
Excellences Messieurs les Présidents, au nom de vos citoyens, que nous sommes, nous souhaitons que le séjour de Mr Koenders soit l’occasion de rappeler le rôle majeur qu’à jouer la migration dans le développement de l’Europe. Nous espérons que vous serez nos porte-paroles auprès de la présidence de l’Union Européenne pour leur rappeler les valeurs humanistes dont l’Union Européenne s’est pendant longtemps vantée et qui à nos yeux se meurent de plus en plus. L’Europe est en crise et nos pays africains, au nom du partenariat qui nous lie à eux, se doivent de leur montrer la voie à suivre. L’espace de la CEDEAO, malgré les nombreuses difficultés, est un exemple en termes de libre circulation depuis plus d’une trentaine d’année et en ce sens nos pays peuvent valablement conseiller l’Europe dans sa crise actuelle. Que le séjour de Mr Koenders soit donc celui de l’écoute et du partage de l’expérience et non un séjour marqué, comme à l’habitude, par des solutions toutes faites ou des pilules amères à faire avaler aux populations africaines.
Tout en vous réitérant notre sincère gratitude pour la défense de nos droits à la mobilité et dans l’espoir que vous serez nos porte-paroles auprès de la présidence hollandaise de l’Union Européenne, nous vous prions de recevoir, Excellences Messieurs les Présidents, nos salutations distinguées.
Ousmane DIARRA, Association Malienne des Expulsés (MALI),
Eric PEASAH, Migration Policy and Advocacy Network (GHANA),
Samir ABI, Observatoire Ouest Africain des Migrations
Réunies en marge du Forum Social Sénégalais tenu à Dakar du 28 au 30 mars 2016, les organisations de la société civile ouest africaines venues du Cap Vert, de Côte d’ivoire, de Gambie, de Guinée, de Guinée Bissau, du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Togo, ont témoigné leur vive préoccupation par rapport à la fermeture de la frontière entre le Sénégal et le Gambie.
Depuis plusieurs semaines les frontières entre le Sénégal et la Gambie sont fermées suite à l’augmentation des taxes de passage pour les transporteurs routiers. Encastré dans le Sénégal, la Gambie représente un point de passage rapide pour les transporteurs sénégalais voulant rejoindre la région sénégalaise de la Casamance et la Guinée Bissau. Ces échanges routiers offrent des avantages certains aux populations des différents pays qui en plus sont de la même culture.
En effet l’héritage coloniale a fait des ses populations sœurs, des peuples de pays différents. Au lendemain de la conférence de Berlin de 1885, les dirigeants européens se sont entendus pour le partage de l’Afrique, les anglais ont pris possession d’un territoire au large du fleuve gambie, qu’ils nommeront la Gambie, au grand dam des français présent dans la zone depuis le 16ème siècle. La Gambie et le Sénégal vont ainsi devenir des pays différents alors qu’abritant des populations qui jusqu’alors ont partagé la même histoire, parle les mêmes langues et ont les même us et coutumes.
La société civile ouest africaine dans son ensemble déplore cette situation qui va à l’encontre des protocoles sur la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO. Afin de mettre fin aux souffrances des populations sénégalais, gambiennes et bissau-guinéenne à la suite de la fermeture de la frontière, la société civile ouest africaine lancent un appel aux Chefs d’Etats gambien et sénégalais de revoir leur position et d’ouvrir à nouveau la frontière séparant leurs pays. En outre la société civile ouest africaine exhorte la commission de la CEDEAO à prendre des mesures pour qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire au sein de l’espace de libre circulation ouest africain. La société civile ouest africaine soutient l’initiative de médiation lancée conjointement par leurs homologues sénégalais et gambiens auprès des autorités des deux pays pour trouver une issue rapide à cette situation. La société civile réitère son appui à la concrétisation du projet de construction d’un pont sur le fleuve Gambie pour faciliter une circulation continue entre les populations des deux rives.
Pour une libre circulation effective au sein de la CEDEAO, il urge aux yeux de la société civile que les populations ouest africaines soient associées étroitement aux décisions des Etats en la matière. Ainsi la société civile ouest africaine renouvelle sa volonté de travailler en étroite collaboration avec la commission de la CEDEAO pour faire de notre espace commun une région de paix, de partage et de développement pour les populations.
Fait à Dakar le 30 mars 2016